Témoignant lors du procès qu’il intente contre la Ville de Laval, le promoteur immobilier Aldo Coviello Jr a déclaré n’avoir jamais été contacté par les enquêteurs de l’Unité permanente anticorruption (UPAC).
Cette déclaration faite sous serment le 16 janvier a marqué la seconde journée d’un long procès prévu pour 44 jours au palais de justice de Laval devant le juge de la Cour supérieure, Daniel W. Payette.
Rappelons que l’homme d’affaires à la tête d’Aldo Construction et Lafleur Construction poursuit pour 66,7 M$ la Ville de Laval qu’il tient responsable pour l’échec, en 2014, du projet Le Commodore, un complexe de deux tours d’habitation de 28 et 30 étages qui devait s’élever sur le site de la marina Commodore dans Pont-Viau.
Par ce témoignage, M. Coviello dissipait le doute qu’aurait pu laisser planer une sortie publique du maire Marc Demers effectuée le 10 septembre 2014. Ce jour-là, on apprenait que la Ville avait transféré à l’UPAC le rapport découlant d’une enquête administrative visant à faire la lumière sur un règlement de zonage adopté en 2009 sous le régime Vaillancourt pour permettre la construction de ce projet évalué à l’époque à 160 M$.
Au cœur du procès
Parallèlement à cette enquête décrétée le 21 février 2014 dans la foulée des révélations entendues à la commission Charbonneau, le comité exécutif suspendait l’étude de tout Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) en lien avec ce projet et, conséquemment, tout demande de permis de construction. Au cœur du présent procès, cette enquête administrative aurait signé l’arrêt de mort du projet Le Commodore, soutient la poursuite.
Incidemment, quelque 6 mois après son déclenchement, une requête introductive d’instance en dommages de près de 65 M$ était déposée en Cour supérieure contre la Ville de Laval, le 8 août 2014. Elle fut depuis réajustée à 66 980 576 $.
Questionné le 16 janvier par son avocat, Me Frédéric P. Gilbert, Aldo Coviello Jr a également indiqué à la Cour qu’il n’a jamais fait l’objet de la moindre accusation en lien avec ce dossier.
Démenti
Par ailleurs, le procureur de la poursuite a interrogé son client au sujet de deux documents déposés en preuve.
Le premier est une lettre datée du 17 juillet 2014 que le directeur du Service de l’urbanisme d’alors, Sylvain Dubois, adresse au président de la firme Lafleur Construction, M. Coviello. Sylvain Dubois l’informe que sa demande de permis de construction initiée le 27 mai 2011 sera fermée considérant qu’il n’a donné aucun signe de vie depuis la dernière rencontre du 14 février 2014. On peut aussi y lire: «[…] De plus, à la suite d’une déclaration faite à des journalistes et reportée [sic] dans les journaux au début du mois d’avril 2014, vous avez indiqué que vous désiriez suspendre indéfiniment votre projet. Dans les circonstances, le Service de l’urbanisme tient pour acquis que vous aviez décidé de retirer votre demande de permis […]»
Le second document est la réponse de la partie demanderesse expédiée par courriel, le jour même de la réception de la lettre, le 22 juillet 2014, qui dément les allégations de la Ville.
À la barre, M. Coviello a affirmé: «Je n’avais pas le choix de suspendre mon projet. Ils m’ont forcé à le faire.» Puis, la voix nouée par l’émotion, il a évoqué ses obligations envers les prometteurs-acheteurs avant que le juge ne suspende l’audience pour une vingtaine de minutes.
À la reprise de l’audience, le témoin a précisé que les 2 M$ versés en dépôt avaient été remboursés et que jamais il n’avait retiré sa demande de permis auprès de la Ville.
Selon son témoignage, il avait déjà investi plus de 8,2 M$ dans son projet au moment du déclenchement de l’enquête administrative, incluant l’acquisition du terrain au coût de 4,4 M$.
Entrepris en après-midi le 16 janvier, le contre-interrogatoire d’Aldo Coviello Jr reprenait le lendemain au palais de justice de Laval.
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