Dans un geste symbolique sans précédent, quelque 1600 étudiants de l’école secondaire Mont-de-La Salle ont quitté leur classe, le 30 mai, pour former, à l’extérieur de l’école, une chaîne humaine en guise de solidarité envers deux de leurs consoeurs et leur famille menacées d’expulsion du pays.
«Nous ne resterons pas là sans réagir», a lancé Latifa Salifou aux étudiants massés devant l’entrée principale de l’école.
Députée élue au sein du Parlement étudiant et porte-parole du comité Solidarité Alvarez Rivera, Mlle Salifou a enchaîné: «C’est peut-être un petit geste, mais sa signification est beaucoup plus grande.»
Soulignons que la famille Alvarez Rivera risque, à la fin juin, la déportation vers leur pays d’origine à la suite du rejet de sa demande d’asile, à l’automne 2011, par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR).
«Nous sommes inquiets pour leur sécurité et même pour leur vie s’ils sont renvoyés au Salvador», reprend Latifa Salifou.
Rebeca et Veronica Alvarez Rivera, étudiantes en 3e et 2e secondaire, leur sœur aînée Alejandra et leurs parents ont quitté le Salvador en 2009, à la suite de menaces de mort proférées par des membres d’un gang de rue très violent, connu sous le nom de Mara 18.
Victime d’harcèlement et de tentatives d’extorsion, la famille, qui n’avait pas les moyens de payer «la taxe» en échange de sa sécurité, s’est enfuie pour se réfugier au Canada, où elle vit depuis quatre ans.
Lettre au ministre
Première ministre du Parlement étudiant, représentant les 1710 élèves de l’école Mont-de-La Salle, Naomi Fournier a adressé, le 22 mai, une lettre au ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, afin qu’il décrète l’arrêt de la procédure de déportation.
«Il y aurait une injustice, à nos yeux, de renvoyer la famille dans un pays où ils sont en danger sans d’abord avoir traité leur demande de résidence permanente pour motif humanitaire», écrit-elle, tout en évoquant les valeurs canadiennes valorisant l’accueil, l’entraide et la justice sociale.
«Déjà, deux familles d’élèves de l’école ont été expulsées cette année. Nous ne supporterions pas d’en voir une autre nous quitter dans de telles conditions», termine-t-elle.
De fait, Eduardo Reyes et Armando Lazcano Espindola et leur famille respective ont été déportés vers le Mexique sans qu’on leur accorde le droit de finir leur année scolaire.
1300 cartes
Cette missive a été suivie, le 28 mai, par l’envoi massif de quelque 1300 cartes postales, illustrant les cinq membres de la famille Alvarez Rivera. Encore-là, on réitère au ministre Toews le souhait qu’il sursoie à la décision jusqu’à ce que l’examen de la demande soit complété.
Soutenu par une trentaine d’étudiants particulièrement impliqués, le comité Solidarité Alvarez Rivera a également fait circuler une pétition, qui comptait au 30 mai quelque 1500 signataires. On prévoit la déposer à la Chambre des communes, à Ottawa, la semaine prochaine.
Les médias sociaux ont aussi été mis à contribution avec la création d’un groupe Facebook www.facebook.com/SupporterLaFamilleAlvaresRiveraPourResterAuCanada et une campagne via twitter (@toewsvic).