Plus de 150 enseignantes, membres des syndicats affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), manifestent aux abords de l’Assemblée nationale de Québec à l’occasion de la Journée mondiale du travail invisible ce mardi 4 avril.
Encore aujourd’hui en 2023 au Québec, des milliers de femmes, notamment les enseignantes, effectuent de nombreuses tâches périphériques qui alourdissent leur quotidien professionnel.
Ces tâches, pour lesquelles elles ne sont pas rémunérées, les éloignent de leur mission principale: instruire.
Le gouvernement du Québec doit reconnaître cette situation et leur offrir une échelle salariale attractive ainsi que des conditions de travail améliorées ou bonifiées, en revoyant, entre autres, la composition de la classe et en favorisant la conciliation famille-travail-vie personnelle afin de pallier la pénurie dans ce secteur.
Convention collective
Alors que sa convention collective vient d’arriver à échéance le 31 mars, le personnel enseignant n’a reçu, de la part du gouvernement Legault, que des offres salariales sous la moyenne canadienne, ce qui demeure inacceptable.
De plus, les aides à la classe, présentés comme une solution miracle, ne suffiraient pas à alléger la tâche enseignante.
Jusqu’ici, le projet pilote sur l’aide à la classe n’a fait l’objet d’aucun bilan et les témoignages des participant.e.s rencontrés ne sont pas concluants.
«Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, fait une tournée des établissements scolaires depuis sa nomination, ce qui lui permet de constater, en discutant avec le personnel, la lourdeur de la tâche enseignante, souligne Mélanie Hubert, présidente de la FAE, par voie de communiqué. Cependant, il doit aller au-delà de l’évidence. Ce qu’il ne voit pas, ce sont toutes les heures invisibles que ces femmes consacrent, par exemple, à corriger des travaux les soirs et les fins de semaine, à s’approprier de nouveaux programmes, à acheter et à préparer des collations, à ramasser des vêtements d’hiver chauds pour les élèves qui n’en ont pas, etc. Cette profession, majoritairement occupée par des femmes, est l’une des seules professions pour laquelle les employeurs ne leur fournissement pas le matériel nécessaire pour effectuer leur travail! S’ajoutent à cela les courriels reçus en soirée de l’employeur ou d’un parent. Les enseignantes ont-elles droit à la déconnexion? On ne peut aller nulle part sans que nos élèves soient avec nous en pensée.»
Ainsi, à l’heure actuelle, la tâche enseignante continue d’être lourde et la composition de la classe constitue toujours un enjeu de premier plan.
En proposant une aide à la classe, le gouvernement admet enfin que la classe ordinaire est devenue problématique au fil des décennies.
Toutefois, ces aides à la classe, qui proviennent des services de garde, ne permettront pas aux élèves en difficulté d’obtenir les services professionnels spécialisés dont elles et ils ont le plus besoin.
Grâce aux tâches qu’elles accomplissent, dans certaines classes et pour seulement quelques heures par semaine, elles peuvent alléger la charge des enseignantes seulement si les conditions de mise en œuvre sont optimales, ce qui n’est pas le cas dans le scénario proposé par le ministère.
Ce type d’aide demande une grande coordination entre les personnes concernées, ce qui nécessite du temps, et cette solution d’appoint exclut les écoles secondaires ainsi que les centres d’éducation aux adultes et de formation professionnelle.
«Les enseignant.e.s, notamment celles et ceux qui désertent la profession, le répètent depuis de nombreuses années: le principal enjeu qui mine le réseau des écoles publiques est la composition de la classe, rappelle Mme Hubert. Il y a 15 ans, on pouvait encore se demander si la classe ordinaire était le meilleur service à offrir à l’élève en lui apportant des services professionnels complémentaires. La classe ordinaire n’existe plus et elle est devenue un frein à l’apprentissage pour l’ensemble des élèves. Si les enseignantes du Québec ont de telles conditions de rêve, pourquoi sont-elles des centaines à quitter la profession?».
Demandes de la FAE
Depuis toujours, on compte sur la vocation et le dévouement des femmes pour accomplir un bon nombre de tâches non rémunérées. Il est grand temps que ça cesse.
La FAE demande au gouvernement Legault un rattrapage salarial permettant d’atteindre la moyenne canadienne, une structure salariale attractive pour toutes les enseignant.e.s, mais aussi une augmentation de 4% par année pour la durée de l’entente.
Par ailleurs, si l’indice des prix à la consommation (IPC) au cours de l’année civile précédant l’augmentation salariale est supérieur à 4%, la FAE demande que cette hausse soit ajustée selon l’IPC.
Par ailleurs, la FAE demande un allègement de la charge de travail afin que le milieu de travail soit enrichissant et valorisant, plutôt que source d’épuisement.
Il faut dégager les enseignant.e.s de ce qui les éloigne de leur fonction principale: instruire.
La FAE demande aussi une composition de la classe offrant des conditions d’enseignement et d’apprentissage respectueuses des enseignant.e.s et de tous les élèves.
Elle revendique également l’amélioration des conditions physiques et psychologiques d’exercice afin d’assurer un milieu de travail sain.
Enfin, la FAE demande une meilleure conciliation famille-travail-vie personnelle, principalement en augmentant, entre autres, le nombre de congés pour des raisons familiales et en élargissant leur accès.
(C.P./IJL)