La période de pandémie actuelle est vécue difficilement par un bon nombre de personnes mal voyantes ou aveugles, car les services offerts ne sont pas adaptés à leur réalité.
«Les mesures actuelles poussent beaucoup vers l’utilisation du numérique, explique Pascale Dussault, directrice générale du Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM). Il est très difficile de naviguer sur les sites de transactions bancaires ou les services d’épicerie en ligne.»
Elle ajoute que différents envois gouvernementaux, tels que le guide d’auto-soin, n’étaient initialement pas adaptés pour les personnes mal-voyantes. La modification a été faite plus récemment.
Épicerie
Pour plusieurs, l’épicerie hebdomadaire constitue le seul moment permettant de sortir de la maison. La situation est identique pour les mal-voyants qui souhaitent continuer de la faire par eux-mêmes.
Toutefois, quelques situations de discrimination non-intentionnelle ont été aperçues. «Il arrive que des gens se font refuser l’accès lorsqu’elles sont guidées par le coude, note David Demers, directeur général d’INCA Québec. C’est même arrivé lorsqu’une personne aveugle qui était seule était obligée de toucher un item ou qu’elle ne pouvait garantir les deux mètres de distance.»
Selon lui, il faut faire preuve d’empathie et comprendre que la personne doit continuer d’obtenir de l’aide même en période de pandémie. Il croit cependant que les personnes mal-voyantes doivent aussi faire leur part s’ils sont en mesure de faire livrer à la maison ou de demander à quelqu’un de faire l’épicerie pour eux.
Par ailleurs, le RAAMM a mis sur pied un service d’épicerie d’urgence pour aider les personnes mal voyantes qui sont seules. «Nous allons faire une épicerie avec des bénévoles et nous l’apportons directement à leur porte, précise Mme Dussault. La facturation vient à la suite de la réception de la commande.»
Chiens-guides
INCA Québec a également lancé une campagne de sensibilisation pour faire comprendre la réalité des gens ayant l’aide d’un chien-guide en cette période de pandémie.
Celle-ci vise à rappeler que le chien n’est pas formé pour respecter les mesures de distanciation sociale et que les personnes passant en proximité doivent faire leur part en évitant tout contact avec l’animal.
«Il est important de ne pas se rapprocher du chien-guide pour le flatter, car il est en devoir pour assurer la sécurité de la personne aveugle, rappelle M. Demers. Le chien peut aussi transmettre le virus s’il est touché par quelqu’un, donc il faut s’assurer de respecter une distance raisonnable.»
Il faut également éviter de nourrir l’animal et d’attirer son attention par une quelconque forme de jeu qui pourrait susciter son intérêt.
Isolement
Les personnes mal voyantes et aveugles vivaient déjà l’isolement avant la pandémie de la COVID-19. La situation est désormais pire, alors que, selon le RAAMM, plus de 60 % des citoyens ayant un handicap visuel dans la grande région métropolitaine sont des personnes âgées.
«Une personne aveugle vit déjà beaucoup d’isolement social, mais c’est multiplié en ce moment, soutient le directeur général d’INCA Québec. Parfois, leur seule visite de la semaine était la personne qui leur apportait le courrier ou lisait un livre. Ils n’ont plus accès à cela pendant la crise.»
Pascale Dussault est du même avis. «Ce n’est pas tout le monde qui a des proches, donc ce n’est pas facile pour eux. Il est important de les appeler pour briser l’isolement.»
INCA Québec offre notamment le programme Vision Amitié à distance qui permet aux personnes ayant un handicap visuel de discuter gratuitement avec des bénévoles, et ce, tout au long de cette période difficile.