Une centaine de propriétaire de permis de taxi de Laval ont bloqué, hier matin, le boulevard du Souvenir face à l’hôtel de ville avant d’aller manifester devant le bureau de comté du député caquiste Christophe Skeete dans le Vieux Sainte-Rose.
Ce débrayage matinal des chauffeurs de Co-Op Taxi Laval s’inscrivait dans la foulée de la grève tournante lancée à travers le Québec, le 3 septembre, en guise de protestation contre le projet de loi 17 visant à déréglementer l’industrie.
Entre 9h et 11h, la Coop avait suspendu le service, laissant sur le trottoir quelque 400 personnes, estime George Tannous, vice-président de la coopérative régionale et de l’Association des taxis des régions du Québec (ATRQ). Des 213 détenteurs de permis lavallois, une quinzaine assuraient toutefois le transport médical et adapté.
Faillite
«L’adoption du projet de loi 17 dans sa forme actuelle signifie sans aucun doute, pour plusieurs membres de la Coop des propriétaires de taxi de Laval, la faillite», peut-on lire dans une lettre adressée au maire Marc Demers dont la coopérative cherche à obtenir l’appui.
«Je suis très sensible aux préoccupations des propriétaires de taxis, a réagi M. Demers par courriel. La modernisation de cette industrie n’est pas chose facile, il est donc important que les différents acteurs soient mis à contribution. Il faut tout mettre en œuvre afin de trouver des solutions qui répondront aux besoins des usagers tout en respectant la réalité des chauffeurs.»
Dans sa lettre, M. Tannous souligne d’entrée de jeu que son organisation participe au développement de la ville-région depuis 45 ans en plus de soutenir plus de 300 emplois directs.
«L’entente initiale de 500 M$ négociée en 2017 avec le gouvernement libéral visait à compenser la perte de valeur de nos permis depuis l’arrivée d’Uber en 2014, pas à les supprimer comme le propose le ministre [François Bonnardel] des Transports, précise George Tannous en entrevue avec le Courrier Laval.
À Laval, par exemple, la valeur avait chuté de 40 000 $ en trois ans, fait-il valoir en citant une étude menée par la Commission des transports du Québec chargée d’encadrer l’industrie du taxi.
«Avant le projet de loi 17, mon permis valait 265 000 $, alors qu’aujourd’hui il ne vaut plus rien. Si on ne peut plus transférer nos permis, le gouvernement doit nous rembourser la pleine valeur en date de 2014», clame M. Tannous.
L’industrie évalue à 1,3 G$ le rachat des quelque 8200 permis à travers le Québec, soit 500 M$ de plus que l’offre gouvernementale. Pour les chauffeurs propriétaires de Co-Op Taxi Laval, on parle d’un enjeu de 54 M$.
Actions à venir
Lundi prochain, l’ATRQ et les représentants du Bureau du taxi de Montréal se réuniront à Laval afin de plancher sur de nouvelles actions à venir.
Rappelons qu’après une pause de deux semaines, la Commission des transports et de l’environnement de l’Assemblée nationale reprendra le 17 septembre l’étude détaillée du projet de loi 17 portant sur la Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile.