La vie d’entrepreneur n’est pas toujours facile et la route menant au succès est souvent parsemé d’embûches.
Présidente-fondatrice de Joanel, reconnue aujourd’hui comme la plus grande maison de création de sacs à main et d’accessoires au Québec, Johanne Boivin en a fait état lors son passage à la tribune des dîners-causeries de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval.
Prendre des risques en affaire était le sujet de sa conférence prononcée, le 12 février.
Clause shotgun
À cet égard, elle a partagé ce premier risque qu’elle a pris en 1995, alors qu’elle est en affaires depuis quatre ans sans parvenir à se dégager un salaire.
Ce coup de dé marquera une étape charnière dans l’histoire de son entreprise, qui prend soudainement son envol.
À son compétiteur qui l’approche pour acheter sa société, elle lui fait une contre-offre de partenariat à parts égales. «Tu as l’argent, j’ai le talent et l’expertise», lui fait-elle comprendre.
L’entente contient toutefois une clause shotgun, à laquelle recourra son partenaire deux ans plus tard.
Refusant d’être rachetée par son associé, Johanne Boivin se résout à vendre un triplex ancestral fraîchement rénové pour le rachat de son partenaire silencieux.
«Il n’y a pas beaucoup de banquiers qui aiment prêter sur des inventaires de sacs à main», souligne-t-elle.
Cette année-là, elle enregistre sa 3e marque de commerce sous la griffe Joanel.
Investissements
Une entente de partenariat avec le Cirque du Soleil, conclue en 2004, donne un nouvel élan à Joanel, qui double son chiffre d’affaires en trois ans
Devenue trop à l’étroit dans ses locaux, Johanne Boivin investit 1,6 M$ dans un nouveau siège social en 2008.
L’année suivante, réalisant que le marché local est saturé, Mme Boivin se lance à la conquête des marchés extérieurs, débloquant ainsi un budget de 100 000 $.
«Un plan de développement à l’international comporte des risques: il faut réaliser des études de marché, courir les expositions commerciales, augmenter les inventaires», note-t-elle, soulignant au passage la percée réalisée, en 2011, dans le réseau hôtelier du groupe MGM Resorts International, à Las Vegas.
En démarchage depuis 2 ans auprès de Macy’s, une bannière regroupant 800 grandes surfaces aux États-Unis, Johanne Boivin rappelle qu’elle est une «battante» et qu’elle va poursuivre jusqu’à ce qu’elle réussisse.
«Si ce n’est pas Macy’s, ce sera une autre chaîne américaine, lance-t-elle d’un ton assuré. Si les Américains peuvent s’installer ici, nous aussi on peut s’installer chez eux.»
Vingt-et-un an après sa fondation, Joanel compte près de 2000 clients au pays et à l’étranger. Sa designer compte également à son actif plus de 5000 créations et développe plus de 300 nouveaux modèles par année. Elle a vendu à ce jour au-delà de quatre millions d’articles.