Selon une étude dirigée par la professeure Cathy Vaillancourt de l’Institut national de la recherche scientifique et Sarah Lippé de l’Université de Montréal, certains gènes régulateurs du placenta seraient liés au niveau de sévérité de convulsions fébriles chez les enfants.
Les deux chercheuses ont étudié trois familles de gènes exprimées dans le placenta: les systèmes de la sérotonine et des hormones de stress, qui sont impliqués dans le développement cérébral du fœtus lors de la grossesse, ainsi que les régulateurs de vascularisation qui sont liés au transport de l’oxygène et des nutriments.
Elles tentaient d’y trouver le lien entre la mère, le placenta et le bébé qui seraient «une triade difficile à étudier».
«C’est la première fois que ces régulateurs dans le placenta sont étudiés, souligne Cathy Vaillancourt par voie de communiqué. Il est donc important d’observer systématiquement le placenta après la grossesse, qu’elle ait été normale ou pas, puisqu’ils peuvent contenir des éléments prédictifs des convulsions fébriles.»
Notons que les convulsions fébriles sont des crises convulsives associées à des épisodes de fièvre. Elles touchent de 2 à 5 % des enfants âgés de 0 à 5 ans. Dans certaines conditions, ces enfants sont à risque de montrer des difficultés cognitives au cours de leur développement.
Le stress maternel
Dans une étude précédente, la professeure Vaillancourt avait d’ailleurs observé que le stress chez la mère était lié à des modifications d’expressions de certains systèmes dans le placenta. La professeure Lippé avait quant à elle trouvé que le stress prénatal rapporté par la mère prédisait un âge de survenue plus précoce des convulsions.
Chez les animaux, le stress de la mère pendant la grossesse pourrait avoir un rôle à jouer dans le niveau de sévérité des convulsions après la naissance, mais ce lien reste plus difficile à établir chez l’humain.
«Il est important de comprendre les mécanismes en jeu pendant la grossesse, puisqu’ils peuvent être associés aux convulsions après la naissance», explique Sarah Lippé.
La prochaine étape de la recherche consistera à valider les résultats obtenus sur une plus grande cohorte.
«Le neurodéveloppement commence au premier jour après la conception, il est donc essentiel de comprendre les étapes de la croissance du fœtus pouvant entraîner des conséquences postnatales», conclut Mme Lippé. (N.P.)