Le 15 août dernier, le comité consultatif d’urbanisme a effectivement recommandé au comité exécutif de la Ville de Laval de refuser la demande de la Société de gestion.
C’est qu’au cours du mois de mai, la Ville a expédié un questionnaire aux 90 locataires actuels de l’immeuble à logements, dans l’optique de connaître leur opinion quant à une éventuelle conversion en copropriétés divises, un projet sur lequel travaillait Cogir depuis qu’elle avait fait l’acquisition du Castel, à l’automne dernier.
En date du 4 juin, 74 locataires ont renvoyé leur questionnaire à la Ville, parmi lesquels 55 (74 %) se sont dits défavorables au projet.
Si le comité exécutif y est allé d’un tel geste, c’est en vertu du règlement L-10654, adopté il y a un peu plus de deux ans et visant à encadrer la conversion de logements locatifs en condominiums. «Avec le résultat du questionnaire, nous n’avons pas eu d’autre choix que de refuser la demande de Cogir, relate Marc Laforge, porte-parole de la Ville de Laval. Le règlement en question vise à protéger le parc de logements locatifs de la municipalité ainsi que les locataires eux-mêmes.»
Déception
Du côté de la Société de gestion Cogir, on ne cache pas la déception provoquée par le résultat du vote des locataires.
«Nous avions pris le temps de rencontrer tous les locataires pour bien leur expliquer nos intentions, mais il semble que cela n’ait pas suffi, déplore Mathieu Duguay, copropriétaire de la société Cogir et du Castel. C’est la première fois que nous faisons face à une telle situation. Nous comprenons la pertinence d’un tel règlement municipal, mais j’ai l’impression que notre projet a été mal compris.»
La société Cogir avait même commandé une étude socio-économique, l’an passé. Celle-ci avait notamment démontré que le coût des logements du Castel était légèrement supérieur à la moyenne, ce qui aurait facilité la relocalisation.
La même étude a démontré que d’ici à juillet 2008, 248 logements deviendraient vacants dans huit bâtiments similaires dans le secteur sud de Laval. «C’est probablement le profil de la clientèle du Castel qui explique le nombre de locataires défavorables, avance M. Duguay. Nous sommes évidemment très déçus, puisque c’est un an d’efforts et d’investissements qui viennent de tomber à l’eau. Lorsque nous avions fait l’acquisition du Castel, c’était dans l’optique de mener à terme notre projet. Nous n’avons pas encore décidé de nos intentions futures.»
Personnes âgées
Selon des données de la Ville de Laval, 79 % des occupants qui ont répondu au questionnaire ont plus de 49 ans, et 59 % plus de 60 ans.
«Il y a beaucoup de personnes âgées dans cet immeuble qui ne veulent rien savoir d’une relocalisation, relate Jean Cooke, bénévole de Dira-Laval, organisme qui défend les droits des personnes âgées. Les condos ne manquent pas à Laval. Il n’y a aucune raison de déloger des gens bien établis dans des logements à prix abordables.»
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