Le comité exécutif de la Ville de Laval a rejeté, le 19 septembre, une requête visant à amender le règlement de zonage afin d’autoriser l’exploitation commerciale de la salle de banquet du Domaine Bellerive, un complexe de trois tours de logement totalisant 62 étages en bordure du boulevard Lévesque, à Chomedey.
L’administration municipale juge incompatible la pratique de ce type d’activité dans un complexe d’habitation.
Elle évoque entre autres d’«importantes nuisances», tels «le bruit, la circulation, les heures d’ouverture tardives et les comportements des utilisateurs», susceptibles de compromettre la quiétude des résidents.
En fait, le seul usage commercial autorisé dans les grands ensembles résidentiels touche la vente au détail et les entreprises de service, essentiellement pour «accommoder» les résidents.
Pratique illégale
Soulignons qu’en février 2012, la direction du Domaine Bellerive avait déposé une demande de permis pour aménager au rez-de-chaussée de l’immeuble une salle de réception à l’usage exclusif de ses résidents, conformément à la réglementation municipale en vigueur.
Toutefois, depuis le printemps, cette salle aménagée à grands frais et d’une capacité d’accueil de 500 personnes est louée et exploitée par le Groupe PMG, acronyme de Plaza Management Group.
Ce gestionnaire de salles de banquet «y organise des réceptions destinées au grand public, alors que seuls les résidents de l’immeuble devraient y avoir accès», commente le Service de l’urbanisme dans une communication transmise au comité exécutif, le 17 septembre.
Dans cette analyse, on signale que des plaintes de résidents du Domaine Bellerive ont été déposées à la Ville, qu’un dossier d’infraction est actuellement traité à l’Urbanisme et que le comité exécutif a, le 22 août, autorisé son Service du contentieux à intenter, en Cour supérieure, des procédures judiciaires contre PMG, qui contrevient au règlement municipal L-2000.
Stationnement
Pour une salle de réception d’usage commercial de taille équivalente, à savoir 16 500 pieds carrés, les normes urbanistiques exigent un minimum de 165 cases de stationnement, alors que le requérant, en l’occurrence Domaine Bellerive, proposait d’aménager entre 49 et 76 nouvelles places pour desservir la clientèle des banquets.
«L’ajout de cases de stationnement, même avec le scénario de 49 cases, viendrait réduire de façon importante les espaces de verdure dans la cour avant de la propriété, sans compter que l’un des scénarios nécessiterait l’aménagement d’une nouvelle entrée charretière donnant sur le boulevard Lévesque Ouest», fait observer le Service de l’urbanisme pour étayer sa recommandation de rejeter la demande du promoteur.
Autre motif invoqué: la terrasse extérieure attenante à la salle de réception avoisine les cours arrière de résidences ayant pignon sur le 66e Avenue.
Silence radio
Déboutée de sa demande de changement de zonage, qui visait à régulariser sa situation, la direction du Domaine Bellerive s’est refusée à tout commentaire.
Seul le président et chef de direction de Capreit [le holding possédant le Domaine Bellerive], Tom Schwartz, est autorisé à répondre aux questions, s’est borné à dire le directeur du complexe lavallois d’habitation de plus de 800 logements, Daniel Jean, lorsque rejoint par le Courrier Laval, le 4 octobre.
Vice-président associé aux opérations chez Capreit, M. Jean est pourtant clairement identifié comme le requérant derrière cette demande de modification de zonage, rejetée par la Ville.
M. Schwartz n’a pas retourné notre appel tout comme Vincent Morena, président du Groupe PMG, qui loue et exploite illégalement la salle de réception au Domaine Bellerive.