Bannie depuis trois ans par la Ville de Montréal en raison de déversements illégaux, et présente sur la liste noire d’autres municipalités, la compagnie Beauregard Environnement s’est vu accorder un contrat lors du conseil municipal de juillet à la Ville de Laval.
Le maire Stéphane Boyer a exprimé que pour lui et son administration, il n’y avait aucune ambiguïté et que la Ville a l’obligation d’accorder ce contrat à Beauregard Environnement, en raison des règles obligeant une municipalité à choisir le plus bas soumissionnaire dans un appel d’offres.
Incompréhension et colère
Pour l’opposition, ce positionnement de l’administration Boyer et sa sortie publique dans les médias le matin même d’un jour de conseil municipal ne seraient qu’écran de fumée.
«C’est incompréhensible que l’administration Boyer ait attendu tout ce temps-là pour demander un resserrement de la loi depuis que Beauregard a été banni en 2020 de la ville de Montréal.»
C’est qu’en avril dernier, ce dossier recommandé par le comité exécutif avait été retiré de l’ordre du jour du conseil municipal après une intervention de la conseillère municipale de Saint-François Isabelle Piché=.
«L’évolution de ce dossier est surprenante et particulièrement préoccupante, affirmait donc Isabelle Piché, au lendemain du conseil municipal tenu le mardi 11 juillet. C’est vraiment un manque flagrant de sérieux et je considère que l’administration a perdu le contrôle dans ce dossier-là. Les pratiques de cette entreprise se sont révélées douteuses, ce qui a amené des villes, comme Montréal, à la placer sur leur liste noire.»
Pour sa part, le chef intérimaire d’Action Laval et conseiller de Val-des-Arbres, Achille Cifelli, déplore de voir le maire Boyer en mode réaction et qu’aucune action concrète n’ait encore été posée dans ce dossier, plus particulièrement depuis qu’il a refait surface il y a quatre mois.
Affrontements au conseil
En cours de conseil municipal, le mardi 11 juillet, le chef intérimaire de Parti Laval Claude Larochelle a également attaqué la sortie publique faite le matin même par le maire Boyer, la jugeant lui aussi tardive.
«Qu’avez-vous fait depuis tout ce temps?», questionnait celui qui est aussi conseiller municipal de Fabreville, relayé par sa collègue et conseillère de Marc-Aurèle-Fortin, Louise Lortie, qui s’étonnait elle-aussi de cette sortie médiatique le matin même du conseil, en exprimant: «Est-ce que vous êtes à l’aise de cette sortie publique pour se sauver les fesses?»
En réponse aux questions de l’opposition, le maire Boyer a d’abord précisé que «personne n’aime donner de contrat à une entreprise qui a été fautive envers d’autres municipalités.»
De son côté, le vice-président du conseil exécutif de la Ville et conseiller de Sainte-Dorothée, Ray Khalil rappelait avec raison qu’aucun élu n’est présent lors de l’ouverture des enveloppes pour l’octroi d’un contrat.
Autre réplique du maire
Au lendemain du conseil, Stéphane Boyer a réitéré que «pour que la Ville de Laval puisse ajouter une entreprise sur sa propre liste noire, celle-ci doit avoir commis une faute sur le territoire lavallois. Nous l’avons d’ailleurs déjà fait avec d’autres entreprises par le passé.»
«Nous sommes tous d’accord que des changements législatifs seraient néanmoins pertinents afin de faire évoluer cette situation, a ajouté le premier magistrat de la Ville de Laval. Or, une telle modification nécessiterait que le Gouvernement du Québec amende deux lois par le biais d’un projet de loi omnibus. Quoi qu’en pense l’Opposition, ce genre de changements ne se fait pas sur le coin d’une table, c’est pourquoi nous devons laisser le temps aux ministres concernés de se saisir du dossier pendant la période estivale. La session parlementaire est ajournée jusqu’au 12 septembre.»
Avec la collaboration de Corinne Prince