L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec s’inquiète du manque de réglementation dans un projet pilote d’abattage de poulets directement à la ferme autorisé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) la semaine dernière.
Selon l’Ordre, la MAPAQ a omis d’émettre des mesures strictes quant au bien-être animal, contrôle de la qualité des viandes et à l’inspection vétérinaire.
«Le règlement encadrant ce projet pilote se base principalement sur la bonne foi de l’exploitant et sur ses déclarations. Qui s’assurera que la viande qui est achetée à la ferme est exempte de maladies et propre à la consommation? Qui veillera à un abattage en tout respect du bien-être animal sur les fermes?», se demande Dr Gaston Rioux, président de l’Ordre des médecins vétérinaires.
Ce dernier ajoute également que plusieurs articles du règlement détaillent précisément les équipements et installations nécessaires, mais qu’aucun ne mentionne l’inspection des lieux, de l’abattage et des viandes.
De plus, rien ne prévoit pas le recours d’une formation minimale pour l’exploitant qui souhaite participer à ce projet.
Santé mise à risque
L’Ordre des médecins vétérinaires ne se dit pas contre les projets d’abattoirs de proximité puisqu’ils facilitent le transit de la ferme à l’assiette.
Toutefois, celui-ci s’attend que la MAPAQ soit plus exigeante en ce qui a trait au programme d’inspection vétérinaire.
Rappelons que selon l’Organisation mondiale de la santé animale, 60% des agents pathogènes qui causent des maladies humaines proviennent des animaux.
Le Dr Rioux souligne que la propagation actuelle de grippe aviaire est un exemple clair des risques de maladies.
Celui-ci se demande également si le projet pilote ne devrait pas être reporté puisque les conséquences de cette maladie ne sont pas encore connues.
«Dans tous les cas, les consommateurs qui se procureront le poulet abattu directement à la ferme devront être conscients qu’aucune inspection des carcasses et détection des maladies par une personne compétente n’est formellement exigée et que cela engendre des risques pour leur santé», renchérit-il.
Problèmes de recrutement
La MAPAQ est limitée quant à sa capacité d’inspection, particulièrement dans les abattoirs de proximité.
L’accessibilité aux services vétérinaires et le recrutement de médecins vétérinaires pour l’inspection des viandes sont actuellement très difficiles.
«L’abattage à la ferme vient donc ajouter une complexité et diminuer le contrôle qui est exercé, explique M. Rioux. Il est inconcevable que les autorités responsables de la santé publique puissent tolérer que des produits alimentaires non soumis à un contrôle vétérinaire se retrouvent dans l’assiette du consommateur.»
Néanmoins, l’Ordre travaille présentement sur de nombreuses solutions afin d’améliorer l’accès aux services vétérinaires, dont un nouveau règlement concernant la délégation d’actes par des médecins vétérinaires.
(J.B.)