Il est toujours étonnant d’observer des jeunes prendre en photos les œuvres ornant les murs d’un musée. J’ai le même questionnement au Salon de l’auto quand des passionnés d’automobiles immortalisent la toute nouvelle Lamborghini. Passent-ils leur samedi soir à regarder un diaporama de photos de kiosques de manufacturiers automobiles?
Avec la disponibilité des téléphones intelligents et l’omniprésence des réseaux sociaux, il est de l’époque de se questionner si on apprécie le moment ou si l’on vit le moment uniquement dans le but de le partager à nos « amis ».
Comment réagiriez-vous si, lors des funérailles de l’un de vos proches, un jeune neveu se prenait en selfie avec grand-papa qui repose dans son cercueil? C’est une pratique de plus en plus courante à travers le monde et plusieurs groupes sur les réseaux sociaux se spécialisent dans les « selfies funéraires ». Un « selfie » (égoportrait), c’est une photo de soi que l’on prend à l’aide d’un téléphone intelligent, généralement à bout de bras, et que l’on publie sur les réseaux sociaux. Parfois, c’est simplement pour montrer à tout le monde où l’on se trouve. Parfois, c’est pour montrer qu’on est avec une ou des personnes. Parfois, c’est par pur narcissisme, tout bonnement. Imaginez quand cet égoportrait est pris avec une personne décédée en arrière-plan…
Aux États-Unis et au Royaume-Uni, des études tendent à démontrer que pour les jeunes milléniaux, l’égoportrait fait partie des cinq étapes de l’acceptation du deuil, soit : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Aujourd’hui, les médias sociaux sont devenus une partie de plus en plus importante du processus de deuil.
Dans un article paru dans la revue Tech Insider, le Dr Mark Taubert, chef clinique de l’équipe de soins palliatifs du Velindre Cancer Center, au Royaume-Uni, affirme que bon nombre de ses patients pensent que parler de la mort sur Facebook peut en réalité faciliter le processus de deuil. Plusieurs gens auraient demandé à être photographiés ou filmés par les membres de leur famille au cours de leurs derniers jours de vie, et plusieurs demandent que l’on immortalise leur dépouille.
Ce sujet vous fait réagir et vous souhaitez poursuivre votre réflexion? Je vous invite à lire l’article suivant de mon collègue Patrick Blais, directeur général de la Coopérative funéraire de l’Abitibi-Témiscamingue, qui décrit comment notre personnel doit composer avec cette nouvelle réalité : https://www.cfgrandmontreal.com/chroniques/droit-prendre-une-photo-defunt-dans-3310/.
Devrions-nous retravailler les cinq étapes du deuil avec les hashtags suivants : #déni, #colère, #négociation, #dépression et #acceptation? Je n’en suis pas convaincue. Chose certaine, nous devons repenser nos propres relations avec le deuil et la mort.