«Cette journée-là, j’ai vu un policier argentin qui ne devait pas venir à notre bureau, se souvient-il, toujours ému en évoquant cette tragédie six ans plus tard. Je lui ai demandé ce qu’il faisait-là et il m’a dit qu’il venait chercher une auto. C’est la dernière fois que je l’ai vu. Il était dans la trentaine et père de deux enfants…»
Le mois dernier, le sergent Cuillerier et sept de ses collègues du Québec et de l’Ontario ont accepté la Médaille de bravoure, lors d’une cérémonie à la Citadelle de Québec, pour le courage qu’ils ont démontré, venant en aide à des gens coincés sous les débris.
Du 2e au rez-de-chaussée
Le Lavallois était au quartier général des policiers UNPOL (policiers des Nations Unies), en compagnie d’un autre agent, lorsque le séisme de 7,2 a frappé, peu avant 17h. «J’étais au deuxième étage et ma première idée a été de sortir du bureau. Je n’étais même pas capable de me rendre à la porte tellement c’était intense. J’ai vu un classeur monter jusqu’au plafond et l’étage où j’étais s’est affaissé jusqu’au rez-de-chaussée.»
À l’extérieur, le chaos régnait. «Ça m’a rappelé le World Trade Center. Il y avait un nuage de fumée blanche et on entendait crier à gauche et à droite, des gens qui demandaient de l’aide.»
Avec des collègues, M. Cuillerier a fait fi de sa peur et des répliques sismiques qui ont suivi pour donner un coup de main aux survivants et les sortir des immeubles démolis par le tremblement de terre. «Ils étaient sous des dalles de béton, on ne voyait que leur visage. On a donc dû casser du ciment et lorsqu’il a commencé à faire noir, on les guidait avec une lumière», explique-t-il, ajoutant qu’il était difficile de travailler sans l’équipement nécessaire, sous la chaleur.
Ce n’est que plusieurs heures plus tard qu’il a pu rassurer son épouse, qui craignait le pire. «En tant que policier, tu t’oublies, tu aides les gens en premier. On avait aussi beaucoup de difficulté à téléphoner à la maison, il n’y avait pas de communication.»
Reconnaissance
Cette Médaille de la bravoure, Claude Cuillerier la voit comme une occasion de se souvenir de ces événements et de ceux qui ont perdu la vie. «On ne le fait pas pour ça, mais c’est quand même une fierté d’avoir cette reconnaissance. On ne peut pas être contre ça», déclare celui qui n’a jamais pu oublier les cris de détresse en cette journée de janvier 2010.
Outre cette décoration remise par le gouverneur général du Canada, David Johnston, le sergent Cuillerier a aussi vu son courage salué par le gouvernement du Québec, en 2011, et la Gendarmerie royale du Canada, en 2013.