Au Courrier Laval et ailleurs dans la presse régionale, l’onde de choc est brutale, voire cauchemardesque: le gouvernement du Canada s’apprêterait à devenir fossoyeur de l’information locale en retirant le programme d’aide Initiative de journalisme local (IJL) ces prochains mois.
Depuis quatre ans, le trois-quarts des journalistes œuvrant au sein du Courrier Laval, soit en ce moment 2,5 postes sur 4, ont été embauchés grâce au soutien financier d’IJL.
Le calcul est tout simple et laisse planer des conséquences désastreuses, l’arrêt soudain de cette aide critique, alors que la crise des médias ne s’est pas amoindrie mais accentuée, menacerait directement la survie de l’un des plus vieux médias locaux d’Amérique francophone.
D’autant plus quand on sait que le Courrier Laval doit relever le défi d’un nouveau mode de distribution alourdissant significativement ses coûts; ainsi que le blocage Web du contenu journalistique par Meta (Facebook) et les variables nuisibles d’interface par Google pour le référencement des articles médiatiques, deux autres écueils diminuant des revenus aussi cruciaux qu’importants pour la pérennité du média lavallois à l’aube de ses 80 ans d’existence.
«Malheureusement, le retrait d’IJL représenterait autant de pertes d’emploi chez nous, particulièrement chez nos jeunes journalistes qui oeuvrent notamment à notre transformation numérique, de réagir Patrick Marsan, vice-président aux opérations chez 2M.Media. Ce serait catastrophique. On a besoin de ça pour notre survie. On a besoin de ça pour garantir une information digne d’une démocratie saine sur le plan municipal.»
Incertitude et menace
Un article du réseau anglophone de Radio-Canada (CBC), signé Brishti Basu le 16 février, a donc semé une sérieuse inquiétude dans les salles de rédaction de médias locaux à travers tout le Québec.
Lancé en 2019 avec une cagnotte de 50 M$ sur 5 ans, à distribuer afin de préserver une presse locale active et dynamique, le programme IJL en serait possiblement à ses derniers milles.
Pourtant en date de février 2024, 400 journalistes IJL seraient répartis dans 300 médias desservant 1400 communautés à travers le Canada, rapporte Brishti Basu, en citant Paul Deegan, président de l’association News Media Canada, qui ajoute qu’aucune autre initiative ne pourrait remplacer aussi efficacement le programme IJL qu’il qualifie de classe mondiale.
D’autres pays se pencheraient d’ailleurs sur le modèle canadien afin de s’en inspirer pour dynamiser leur presse locale et régionale.