L’ex-candidat indépendant à la mairie, auteur d’un manifeste pour la transition socio-écologique à Laval et influent blogueur, Nicolas Lemire, a été recruté par le maire Stéphane Boyer.
Voilà un peu plus de deux mois qu’il a rejoint le cabinet du maire, où il complète le quatuor de conseillers politiques auprès de M. Boyer et du comité exécutif.
«J’ai toujours apprécié Nicolas Lemire», lance d’entrée de jeu le maire lors d’un appel conférence en présence du principal intéressé, dont la «vision d’avenir progressiste de la Ville» s’apparente à la sienne, précise le premier magistrat.
Avis partagé par sa nouvelle recrue: «Très généralement, Stéphane [Boyer] et moi, on avait des positions, des volontés similaires; par exemple, sur l’environnement et l’urbanisme», fait valoir le conseiller âgé de 26 ans, qui sévissait sur les réseaux sociaux depuis 2017.
Expertise et responsabilités
Bachelier en physique, M. Lemire a complété l’automne dernier sa maîtrise en urbanisme, lui qui s’intéresse de près aux grands enjeux municipaux, tels l’aménagement du territoire, le transport, la requalification urbaine et la transition écologique.
Incidemment, le mémoire qu’il a rédigé en 2022 dans le cadre de sa maîtrise portait précisément sur une analyse critique du centre-ville de Laval. Dans la même foulée, il signe dans le dernier bulletin de la revue de l’Association québécoise d’urbanisme un texte coiffé du titre La transformation de la banlieue et ses enjeux: le cas du centre-ville de Laval.
Au cabinet, il conseille le maire et ses collègues du comité exécutif sur les questions en lien avec l’aménagement urbain, bien sûr, mais également la participation et la consultation citoyennes, les travaux publics et le volet communautaire, sport, culture et loisir.
Blogue sur pause
Observateur avisé de l’actualité lavalloise, Nicolas Lemire animait depuis quatre ans un blogue Facebook où il commentait, entre autres, les assemblées du conseil municipal.
Les 2000 abonnés et plus à sa page Pas le maire de Laval faisaient de lui l’un des citoyens engagés les plus influents à Laval. À lui seul, il compte plus d’abonnés que la page Facebook du Mouvement lavallois – Équipe Stéphane Boyer, parti qui est au pouvoir depuis neuf ans.
Or, ses followers sont orphelins depuis le 21 novembre dernier, date de sa dernière publication.
«Sans entrer dans les détails, j’ai accepté une offre d’emploi ô combien stimulante, mais qui ne me permettra plus d’opérer la page comme c’était le cas depuis 2017», y écrivait Nicolas Lemire dans un long statut sans toutefois jamais nommer son nouvel employeur.
Pourquoi ne pas avoir partagé la nouvelle, d’autant que cet emploi s’inscrit dans «une suite logique» de son implication citoyenne et politique, pour reprendre ses propres mots ?
«Ce n’était pas dans une volonté de cacher quoi que ce soit», assure l’ex-blogueur, qui jugeait le tout «un peu prématuré la veille de [sa] première journée au cabinet».
Toujours au sujet de son embauche, il enchaîne: «Je l’ai rapidement annoncée sur d’autres plateformes, comme mon compte Linkedin. Ç’a été très transparent.»
Quant à sa page Facebook, elle est «en pause pour une durée indéterminée», devoir de réserve oblige.
Franc-tireur
Reconnu pour ses opinions bien tranchées, celui qui se présente comme un «acteur politique atypique» et un «défenseur de l’urbanisme durable» a été de tous les débats locaux et régionaux ces dernières années.
Un mois avant que ne l’approche Stéphane Boyer, Nicolas Lemire avait été particulièrement critique envers «la Ville et le maire» qui lui semblaient «très complaisants» à l’égard du controversé projet du promoteur Michel Trudel.
Dans un éditorial mis en ligne sur sa page, il écrivait ceci: «Une Cité du cinéma dans la forme suggérée sur les esquisses? Je ne comprends pas qu’on accepte cette horreur […] Je suis convaincu qu’aucune réflexion sérieuse n’a été menée pour mettre sur la table un projet responsable sur le plan environnemental et urbanistique».
Battu de vitesse par l’entrée en vigueur du Code de l’urbanisme (CDU), le promoteur a dû prendre un pas de recul et retourner à la table à dessin afin d’ajuster son projet à la nouvelle réglementation.
«Stéphane [Boyer] et moi, on a déjà eu des discussions franches sur ce projet-là. C’est un gros projet et c’est normal qu’il soit de qualité. Ce que j’ai exprimé sur ma page, je l’assume complètement», persiste et signe le nouveau conseiller politique.
Cela dit, Nicolas Lemire se réjouit à l’idée que le projet sera repensé en fonction des exigences du CDU, qui constitue «l’un des plus gros accomplissements de l’administration du Mouvement lavallois et des employés de la Ville de Laval au cours des dernières années», dit-il.
À propos de son omniprésence dans la sphère publique, l’ancien blogueur s’était donné le mandat de pousser les élus à en faire davantage tout en participant de façon constructive au débat. «Rares étaient mes positions radicalement opposées à l’administration», tient à préciser l’ex-président de Association pour le transport collectif de Laval.
S’entourer des meilleurs
Même lorsque M. Lemire était son adversaire politique, Stéphane Boyer le tenait en haute estime. «J’ai toujours apprécié Nicolas et je n’ai pas hésité non plus à l’approcher pour le poste», indique le maire en soulignant ses grandes ambitions pour Laval et sa façon de faire de la politique. Il n’a jamais été dans la confrontation, le dénigrement des gens ou des idées».
Quant à sa personnalité très affirmée qui fait de Nicolas Lemire tout sauf un béni-oui-oui, cela a joué en sa faveur.
«Dans la vie, on a toujours avantage de s’entourer des meilleurs et de ne pas avoir peur qu’ils nous fassent ombrage. Ça nous permet d’aller plus loin. Aussi, une valeur qui est importante pour moi, c’est le débat d’idées […] Je suis très content aujourd’hui de pouvoir compter sur Nicolas pour contribuer à la réflexion», termine le maire.