Fin juin, Santé Canada a émis un avis de conformité avec conditions pour l’emploi de Darzalex, qui a été développé par la firme Janssen Inc., dans le traitement de patients atteints du myélome multiple et ayant déjà reçu au moins trois traitements antérieurs.
«Ce nouveau mode de guérison est déjà homologué en Europe et aux États-Unis, souligne Noubar Yigidbashian, qui réside dans Chomedey depuis près de 30 ans. J’ai pu commencer les séances plus tôt, à la fin de l’an passé, avec un programme spécial de Santé Canada.»
Départ difficile
Après un premier essai ardu, où son corps réagissait négativement au traitement, l’équipe médicale a étalé la chose plus en douceur, sur quatre jours. Le Lavallois a fini par mieux accepter le Darzalex, qui est le premier représentant de la classe des anticorps monoclonaux entièrement humains ciblant la CD38, une protéine fortement présente à la surface des cellules cancéreuses, ce qui inhibe leur croissance, à défaut de guérir.
«Il y a toujours un nouveau traitement nécessaire pour aller plus loin et rester en vie, parce que notre système immunitaire finit par s’habituer au traitement et ralentir la production de globules rouges», spécifie M. Yigidbashian, dont l’épouse Nouchik reste à l’affut du progrès des recherches via le Web.
«Là, ils ont vu que celui-ci marchait et ont accéléré les procédures pour le rendre accessible, ajoute-t-il. Après ce traitement, je ne sais pas s’il y en aura un autre, mais je ne pense jamais au négatif. Je ne suis pas prêt pour ça!»
Choc et recherche
Avril 2008, très rarement malade et sportif intense, Noubar Yigidbashian souffre d’une grosse grippe qui s’incruste. L’homme de 42 ans a mal aux os, manque trois jours de travail, est alité. Le diagnostic tombera en mai après une batterie de tests révélant un taux de globules rouges anormalement bas. Le père de famille est atteint du myélome multiple, un cancer du sang incurable qui peut être très difficile à traiter.
«Je jouais pour trois équipes de soccer compétitives en même temps! relate le chef d’équipe sur une ligne d’assemblage de Bombardier qui est en arrêt depuis sept ans. Plus tard, j’ai pu retourner travailler durant 14 mois après le succès d’une transplantation de moelle osseuse, mais le cancer est revenu. J’ai fait tellement de traitements que je ne me rappelle plus combien!»
En 2012, refusant de baisser les bras, Noubar Yigidbashian fera même l’aller-retour Laval-New York trois semaines sur quatre pour recevoir un médicament expérimental. Sept heures de route en automobile chaque fois pour le Weill Cornell Hospital, accompagné de sa femme ou sa soeur. Il réussira à faire entrer le carfilzomb ici, devenant le premier patient à obtenir ce traitement au Canada.
«Ça reste dur, nous nous sommes lourdement endettés (près de 700 000 $) malgré des activités de financement, révèle avec pudeur le natif de Montréal. Il faut savoir que j’ai une conjointe extraordinaire qui continue elle aussi à se battre malgré toutes les difficultés. Ma femme est la numéro 1 dans ma vie!»
Quand il peut sortir dans des environnements moins à risque sur le plan des microbes, Noubar Yigidbashian n’a pas abandonné sa passion du soccer. Il est désormais entraîneur d’un club senior dans une ligue de haut niveau où son fils Sevan (17 ans) est le meilleur compteur depuis 3 ans. Sinon, il encourage sa fille Patil (13 ans) qui assume avec panache le poste de capitaine du Lightning de Chomedey sur les terrains de soccer de Laval.