Le Conseil québécois des entreprises adaptées (CQEA) a déploré la décision du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale d’imposer le gel du budget alloué au Programme de subventions aux entreprises adaptées (PSEA).
Ce même programme mène annuellement à l’intégration au travail de plus de 4000 personnes en situation de handicap grâce à des subventions salariales versées aux entreprises qui ont adapté leur environnement de travail pour accueillir cette main-d’œuvre différente.
La non-indexation du budget annuel de 122,3 M$ pour 2023-2024 signifierait toutefois que près de 200 de ces travailleurs seront privés d’un emploi selon le Conseil.
«En période de rareté de main-d’œuvre, perdre la chance de travailler est complètement absurde, note Stéphane Thériault, directeur général du CQEA, par communiqué. C’est encore plus inacceptable quand on considère que ceux qui en paient la note font partie d’une des minorités les plus vulnérables de notre société.»
Il ajoute que le PSEA «représente souvent leur unique chance de décrocher un emploi adapté à leur réalité», tout en ajoutant que «chaque personne qui sort du programme de solidarité sociale permet au Québec de réaliser des économies».
Déjà, le gel budgétaire aurait forcé l’élimination de 104 emplois adaptés et fauche les 80 postes qui devaient s’ajouter en cours d’année en vertu de la Stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées 2019-2024.
«Une courte analyse nous mène à déduire que les personnes en situation de handicap font les frais des augmentations des coûts du système et de la hausse du salaire minimum. Personne ne mérite de se faire traiter aussi cavalièrement», se désole le directeur général du CQEA.
Programme discriminatoire
Par ailleurs, le Conseil estime que la rigidité administrative de l’actuel PSEA ont parfois des effets encore plus néfastes que le gel budgétaire. La grille régionale des emplois subventionnés par l’État a notamment l’effet de limiter le nombre de postes à pourvoir.
«Par exemple, la région de Chaudière-Appalaches dispose de 800 postes subventionnés, image-t-on. Si la quantité de candidats admissibles est supérieure au nombre d’emplois disponibles, l’espoir de travailler prend immédiatement fin pour ceux qui n’auront pas eu la chance d’être au bon endroit au bon moment.»
«Décrire cette situation avec le mot discrimination est un pas que nous n’hésitons plus à franchir, affirme M. Thériault. Depuis plusieurs années, le Québec discrimine des personnes en situation de handicap et favorise la rigueur tatillonne de l’appareil gouvernemental au détriment de l’autonomie de personnes qui méritent autre chose que d’être confinées à l’inactivité.»
Le CQEA souhaite ainsi tenir une rencontre avec Kateri Champagne Jourdain, ministre de l’Emploi, pour «corriger la situation». (N.P.)