Une centaine d’employé.e.s de soutien scolaire, dont quelques représentant.e.s du Syndicat des travailleurs et des travailleuses de la commission scolaire Wilfrid-Laurier, ont manifesté le jeudi 25 mai devant le bureau de circonscription de Bernard Drainville.
Les manifestant.e.s ont voulu lui rappeler ses devoirs de ministre de l’Éducation et qu’il doit agir pour améliorer les difficiles conditions de travail dans le réseau scolaire.
«Au mois de janvier dernier, 7500 employé.e.s de soutien scolaire représenté.e.s par le secteur scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) ont rempli un sondage portant sur leurs conditions de travail, déclare Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP-CSN, par voie de communiqué. Plus de 20% de nos membres ont répondu, ce coup de sonde est donc un bon échantillon de ce qui se passe sur le terrain…et les résultats sont extrêmement inquiétants. Partout au Québec, le personnel de soutien scolaire est épuisé, surchargé et vit de la violence au travail. Pas étonnant qu’une bonne partie d’entre eux pense à quitter le milieu!»
Voici quelques résultats qui inquiètent particulièrement le secteur scolaire. Parmi les répondant.e.s:
- 42% ont envisagé de quitter leur emploi;
- 62% jugent que leur travail est épuisant émotionnellement;
- 40% affirment avoir vécu de la violence psychologique de la part d’élèves;
- 35% affirment avoir vécu de la violence physique de la part d’élèves;
- 67% travaillent durant leur pause pour réaliser l’ensemble de leurs tâches;
- 59% effectuent du temps supplémentaire pour accomplir leur travail;
- 63% effectuent du travail pour lequel ils ne sont pas rémunérés;
- Les ratios en services de garde ne sont pas réduits pour tenir compte des enfants d’âge préscolaire ou ayant des besoins particuliers.
Mauvaises nouvelles
Pour Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), ces résultats ne sont pas de bonnes nouvelles.
«C’est vraiment inquiétant, déplore-t-elle dans la même communication aux médias. Ces gens ne veulent pas quitter leur emploi parce qu’ils ne l’aiment plus, mais bien en raison des conditions de travail de plus en plus difficiles! Il n’y a qu’une solution, c’est écouter les gens sur le terrain et ne pas imposer des mesures qui ont démontré leur insuffisance à atténuer la pénibilité du travail du personnel de soutien scolaire.»
Pour Frédéric Brun, vice-président de la FEESP-CSN, la stratégie des plasters doit être reléguée aux oubliettes.
«Nous sommes présentement en négociation pour le renouvellement de nos conventions collectives, affirme le vice-président. C’est l’occasion pour le gouvernement et pour nos patrons d’entendre la cloche sonner. Et ce n’est pas celle de la récréation, c’est la cloche pour négocier afin d’améliorer concrètement les conditions de travail.»
Solutions
Annie Charland mentionne quelques solutions visant la rétention des employé.e.s de soutien.
«Il faut débloquer des budgets afin de donner plus d’heures à tout le personnel de soutien, soutient-elle. Une bonne partie d’entre eux fait moins de 26h par semaine, en moyenne. Il faut aussi que les services en adaptation scolaire soient bonifiés. Ainsi, l’ajout de ces heures permettraient aux travailleuses et aux travailleurs de ce secteur de faire de la prévention, et non uniquement d’éteindre des feux, ce qui permettrait d’offrir un service de qualité aux élèves qui en ont grandement besoin. De plus, nous devons impérativement diminuer les ratios dans les services de garde, car ils explosent à plusieurs endroits, ce qui rend extrêmement difficile pour les employé.e.s d’offrir un service de garde éducatif de qualité. Il faut aussi bonifier la part de l’employeur dans les assurances collectives: les coûts montent en flèche. Enfin, il est urgent de prévoir un vrai plan d’action pour prévenir la violence envers le personnel de soutien.»
Aides à la classe
Concernant les aides à la classe, Mme Charland rappelle que le secteur scolaire est d’accord que cette proposition peut contribuer à réduire la précarité d’une partie du personnel de soutien et à augmenter les heures de travail, notamment pour les éducatrices en service de garde.
«Mais attention, les aides à la classe ne doivent pas être vus comme du cheap labour, ni servir à pallier ou à remplacer des services spécialisés de soutien, rappelle-t-elle. Pour réduire et ne pas aggraver la précarité vécue par un grand nombre d’employé.e.s de soutien, les tâches d’aide à la classe doivent absolument être incluses dans les postes afin que ces personnes bénéficient des avantages de la convention collective. Faire autrement confinerait les personnes affectées à l’aide à la classe au statut de cheap labour. Comme les informations disponibles à ce propos sont bien minces en date d’aujourd’hui, nous sommes préoccupés.» (C.P./IJL)