C’est que la cause de l’avenir des jeunes lui tient grandement à cœur.
Celui qui a vécu une adolescence sur le fil du rasoir aurait bien pu mal tourner, n’eut été du théâtre. La passion qu’il vouait à la scène l’a sauvé du décrochage scolaire au secondaire et il en remercie le ciel. «Ça m’a gardé vivant et sur la bonne voie», dit Emmanuel, qui à cette époque n’avait rien d’un enfant de chœur, ajoutant que tous n’ont pas la même chance. «J’ai le privilège aujourd’hui de pratiquer un métier que j’aime et qui me procure un bonheur extrême», explique Auger, conscient qu’il est plus facile de se faire une belle vie avec que sans diplôme. Depuis quelques années, il prêche d’ailleurs la bonne nouvelle dans les écoles, racontant son histoire tout en mettant en garde les étudiants contre les dangers du décrochage. «Je sens que j’ai un impact quand je m’adresse aux jeunes», fait-il remarquer. Croyez-le sur parole! Le discours qu’il tient, couplé à son franc-parler, passe comme une tonne de briques.
Estime personnelle
Durant l’échange, il ne manque pas de rappeler que le Carrefour jeunesse-emploi donne notamment une deuxième chance aux décrocheurs en les encourageant à effectuer un retour aux études et les accompagnant dans leur démarche. «En dix ans, cet organisme a aidé plus de 30 000 jeunes; c’est 3 000 par année, soit près de 10 jeunes par jour!», s’exclame-t-il. Impressionné d’une telle portée, Emmanuel Auger s’investit de la tâche de mousser encore davantage la promotion de cette ressource afin que tous en connaissent l’existence et puissent ainsi y recourir pendant qu’il est encore temps. Il affirme qu’il suffit de rehausser l’estime d’une personne pour changer radicalement le cours de sa vie. «Si chacun de nous pouvait aider une seule personne, le monde se porterait déjà beaucoup mieux», suggère l’acteur, un ami de l’animatrice Chantal Lacroix à qui l’on doit l’émission primée Donnez au suivant!
Reconnaissant envers la vie, il l’est d’autant plus depuis qu’il a défoncé le grand écran dans le rôle-titre d’Histoire de Pen. Réalisé en 2002 par Michel Jetté, ce film racontant l’histoire d’un jeune prisonnier qui fait son entrée dans un pénitencier à sécurité maximum pour y purger une sentence de dix ans l’a profondément marqué, de son propre aveu.
Père d’une petite fille de 10 ans, Emmanuel Auger redonne, depuis, généreusement à la société, c’est le moins qu’on puisse dire. Outre son implication auprès du Carrefour jeunesse-emploi, il est le nouveau porte-voix du volet jeunesse au Centre d’écoute Laval, un service d’écoute téléphonique anonyme, confidentiel et gratuit offert aux personnes en détresse. «En sept ans, huit personnes proches de moi se sont suicidées», laisse-t-il tomber, convaincu qu’elles n’auraient pas commis le geste irréparable si elles avaient eu une personne à qui se confier. «On est tous l’ange de quelqu’un», termine-t-il.