Mis à jour le 23 novembre 2025 à 13h36
La députée libérale de Chomedey, Sona Lakhoyan Olivier, et la députée caquiste de Fabre, Alice Abou-Khalil, se retrouvent en pleine tourmente depuis le 19 novembre.
Dans sa chronique matinale sur les ondes du 98,5 FM, le chroniqueur politique Jonathan Trudeau les a identifiées comme celles qui seraient à l’origine de «textos troublants» révélés par le Bureau d’enquête du Journal de Montréal le matin même.
Ces messages textes remonteraient à la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) au printemps dernier et tournaient autour du recrutement de nouveaux membres et d’une rétribution (browni) pour les inciter à voter pour la candidature de Pablo Rodriguez.
«Dans le jargon populaire, un “browni” peut vouloir dire un billet de 100$», suggère le Journal.
Vive réaction
Les deux députées visées ont vivement réagi sur les réseaux sociaux, réfutant catégoriquement ces allégations dans des déclarations largement similaires, dont une phrase à l’identique.
À 8h54, le 19 novembre, Alice Abou-Khalil déclarait sur sa page Facebook qu’elle n’a «absolument rien à voir avec cette histoire» et qu’elle n’est «pas la personne impliquée dans cet échange», dénonçant qu’on remette en question son intégrité. «Aucune preuve, absolument aucune, ne permet de m’associer à ces allégations», ajoute celle qui s’engage à «collaborer pleinement à toute enquête, peu importe l’instance, afin que les faits soient clairement établis».
À 10h08, toujours sur Facebook, Sona Lakhoyan Olivier y allait à son tour de cette déclaration: « […] je nie catégoriquement être la personne impliquée dans ces échanges, qui peuvent avoir été falsifiés en tout ou en partie et dont l’authenticité n’a jamais été démontrée par aucune source indépendante.»
Dans les textos évoqués, on peut lire, entre autres: «C’est comme ça que j’ai gagné mon investiture». Bien que cela ne prouve rien et ne l’incrimine aucunement, Mme Lakhoyan Olivier avait remporté en août 2022 l’assemblée d’investiture libérale dans Chomedey au terme du 3e tour avec 51,5 % des suffrages exprimés.
«Aucune preuve, absolument aucune, ne permet de m’associer à ces allégations. Je refuse qu’on remette en question mon intégrité sur la base de matériel non vérifié et potentiellement manipulé», poursuit la députée libérale de Chomedey.
«Je collaborerai pleinement à toute enquête, quel qu’en soit le cadre, afin que les faits soient établis avec rigueur».
Mmes Abou-Khalil et Lakhoyan Olivier n’ont donné suite ni à nos appels ni à nos courriels.
Rappelons que 12 jours plus tôt, sur les réseaux sociaux, la députée caquiste Alice Abou-Khalil réfutait les rumeurs à l’effet qu’elle aurait initié des approches auprès de l’opposition officielle, l’hiver dernier, pour rejoindre les rangs du Parti libéral du Québec.
Valse de mises en demeure
Cette histoire de textos allégués a donné lieu à trois mises en demeure.
La première est venue d’Alice Abou-Khalil. Radio-Canada rapportait jeudi que la députée caquiste avait mis en demeure, la veille, Cogeco Media de cesser de répandre cette information et son chroniqueur politique Jonathan Trudeau de s’excuser et de se rétracter publiquement à l’égard de cette allégation. Mercredi dernier, l’extrait audio de la chronique au cœur de la controverse n’était plus disponible en rattrapage sur le site du 98,5.
Quant à Sona Lakhoyan Olivier, elle a réaffirmé dans un affidavit ne pas être impliquée dans ces messages textes et informé le caucus libéral qu’elle enverrait une mise en demeure à Cogeco, a indiqué vendredi, 21 novembre, son chef Pablo Rodriguez.
En point de presse, ce dernier a déclaré que le Parti libéral du Québec allait mettre – ce jour même – le Journal de Montréal en demeure.
D’entrée de jeu, Pablo Rodriguez précise qu’il «ne demande pas que les sources soient dévoilées» en évoquant la Loi sur la protection de la confidentialité des sources journalistiques.
Ce qu’il demande toutefois, c’est qu’on lui communique le nom des personnes impliquées, le numéro des téléphones portables desquels les textos ont été échangés et qu’on lui explique la démarche effectuée «pour vérifier l’authenticité et la véracité des textos allégués», soutenant que ceux-ci n’ont «aucun fondement» et qu’«on ne peut pas détruire la vie et la carrière de gens sur la base de textos allégués».
Fin de non-recevoir
L’éditeur du Journal de Montréal, Dany Doucet, a accueilli «avec stupéfaction» cette sortie publique de Pablo Rodriguez, dont les propos «portent directement atteinte à l’intégrité du Journal et au professionnalisme de ses équipes», a-t-il réagi par écrit. «Le Journal soutient entièrement le reportage réalisé par son Bureau d’enquête au sujet de textos troublants échangés dans le contexte de la campagne à la direction du Parti libéral du Québec. Ces échanges ont été vérifiés par nos journalistes, selon les règles de l’art.»
M. Doucet termine en faisant valoir que «la protection des sources est un principe fondamental à l’exercice de notre profession, largement protégé par l’État de droit, et nous comptons la défendre vigoureusement, et ce, dans l’intérêt du public.»
Enquête indépendante
Vendredi, on apprenait que le PLQ a mandaté l’ancien juge en chef de la Cour supérieure du Québec, Jacques R. Fournier, pour faire la lumière sur ces textos suggérant que des membres du parti ont été payés 100 $ pour voter en faveur de Pablo Rodriguez lors de la course à la chefferie.
Élu le 14 juin dernier au 2e tour avec 52,3 % des voix, le chef libéral, qui affirme n’avoir rien à cacher, soutient que cette enquête indépendante sera menée «de façon ouverte et transparente» et que le rapport sera rendu public.
Faut-il rappeler que cette affaire de textos a éclaté au grand jour le lendemain de la crise qui secouait le PLQ, alors que la cheffe parlementaire Marwah Rizqy se voyait démettre de ses fonctions et suspendre du caucus par Pablo Rodriguez pour bris de confiance dans la foulée du congédiement de sa directrice de cabinet Geneviève Hinse, une proche collaboratrice de M. Rodriguez.
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