Une trentaine de proches aidants du CHSLD Vigi l’Orchidée blanche à Laval ont fait une chaîne humaine devant l’établissement situé dans Vimont afin de demander que les visites des aidants naturels soient suspendues dans le but de préserver la santé des résidents.
Une lettre cosignée par plusieurs familles des résidents a été envoyée au premier ministre François Legault et à la ministre responsable des Aînés et Proches aidants Marguerite Blais pour s’opposer à l’entrée des proches aidants dans ce CHSLD sans cas de COVID-19.
«Considérant que le CHSLD Vigi l’Orchidée blanche à Laval est l’un des rares centres où il n’y a eu aucun cas de COVID-19 recensé depuis le début de la pandémie, nous nous mobilisons en créant un mouvement collectif de protestation contre cette annonce», déclare Diane Tanguay, l’épouse Robert Guertin, un résident du CHSLD Vigi l’Orchidée blanche.
Aidants déjà sur place
Pour l’instant, la direction de l’établissement a préféré ne pas prendre position devant cette demande. Or celle-ci confirme que certains proches aidants sont entrés dans l’établissement le mercredi 13 mai.
«Après l’annonce du premier ministre, j’ai décidé de contacter les familles du CHSLD, ajoute de son côté Diane Tanguay. On a décidé de préparer une lettre pour nous opposer à cette nouvelle mesure. Je préfère voir mon mari par Skype et m’assurer qu’il reste en santé pour les prochains mois.»
Dans leur lettre, ces familles reconnaissent que le CHSLD Vigi l’Orchidée blanche a pris des mesures importantes qui ont permis de maintenir un environnement sain, exempt de la COVID-19.
Cependant, ils se disent «inquiets du risque que peuvent présenter les allées et venues de quelques aidants, et ceci, malgré les mesures de distanciation et protection.»
Pendant le confinement des derniers mois, les familles ont réussi à communiquer deux fois par semaine avec leur proche en résidence. Grâce à des rencontres via Skype et un appel hebdomadaire fait par le personnel, les familles ont souvent reçu des nouvelles de leur proche.
Des établissements comme le CHSLD Saint-Jude à Chomedey ont d’ailleurs réussi à obtenir une dérogation du gouvernement pour interdire les visites des proches aidants. Ce CHSLD a récemment enregistré des cas positifs à la COVID-19 selon des informations obtenues par le Courrier Laval.
Opinions partagées
«À la grandeur du Québec, les opinions sont partagées concernant les visites des proches aidants, explique France Boisclair, directrice de l’Association lavalloise des personnes aidantes (ALPA). On comprend que certaines familles soient inquiètes, mais la dernière chose que veut un proche aidant est de faire entrer la maladie. Ils font le maximum pour respecter les mesures et protéger leur santé et celle des autres.»
L’ALPA reçoit les appels d’aidants réguliers pour faire le lien avec différentes résidences et CHSLD de Laval.
«On priorise les proches aidants qui ont des liens significatifs avec leur proche, continue Mme Boisclair. Il y a des gens qui essaient de s’improviser proche aidant parce qu’ils veulent visiter leur proche, mais en ce moment les personnes qui vont souvent et de manière assidue dans les établissements pour aînés passent en premier.»
Pour l’Association, il est important de soutenir les proches aidants qui étaient déjà membres et ceux connus dans les CHSLD et résidences privées pour personnes aînés (RPA).
Contente de voir sa mère
«En temps normal, je visite ma mère de 89 ans une fois à chaque deux semaines, explique Marina Conforti, aidante naturelle de sa mère depuis 20 ans. J’ai pu voir ma mère dans un parc qui est à l’extérieur de la Résidence Laval-Ouest, à Sainte-Dorothée. Je suis contente de l’avoir vue, mais il a fallu arranger mon horaire parce que c’est un étage par jour pour les rendez-vous.»
Mme Conforti pense que la situation est difficile, mais que les résidences font de leur mieux pour adapter des mesures permettant aux familles de visiter leur proche et soutenir ainsi psychologiquement les résidents.
«J’ai pris rendez-vous par téléphone et ils ont sorti ma mère avec un masque, raconte-t-elle. J’ai pu la voir pendant deux heures alors que, normalement, je reste dormir avec elle. Je trouvais un peu exagéré de ne pas pouvoir la toucher, mais je me suis retenue pour la protéger.»