Depuis ses débuts avec les Voisins de Laval, qui évoluaient dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec dans les années 80, Chantal Machabée a parcouru beaucoup de chemin… et pas seulement sur le plan du voyagement.
La Lavalloise est devenue la première présentatrice du bulletin quotidien de nouvelles sportives Sports 30 au Réseau des sports (RDS) en 1989, puis la première femme à animer la télédiffusion des Canadiens de Montréal en 2004.
Comme Marcelle St-Cyr et Liliane Lacroix qui l’ont précédé, elle est parvenue à franchir des barrières dans un domaine traditionnellement réservé aux hommes.
«Je ne me suis jamais arrêtée à ça, mentionne celle qui a grandi près du Centre de la nature, dans Saint-Vincent-de-Paul. J’étais une trippeuse de sport et je voulais réussir. Je savais que ce ne serait pas facile, car il y avait beaucoup de commentaires, jugements et propos déplacés, mais je savais que j’étais capable de réussir là-dedans.»
Ces commentaires négatifs sont encore présents aujourd’hui, mais la situation s’est améliorée selon elle.
«À l’ère des réseaux sociaux, c’est plus facile, précise la Lavalloise. On reçoit beaucoup de messages et je réponds habituellement par l’humour. Avant ça, certaines personnes m’écrivaient des lettres qu’ils envoyaient à RDS. Il fallait le faire quand même de se donner tout ce trouble pour insulter quelqu’un.»
Par ailleurs, c’est seulement quelques années plus tard qu’elle a réalisé l’impact positif qu’elle avait eu sur certaines jeunes filles qui souhaitaient faire carrière dans le domaine, soulignant aussi «la place maintenant offerte aux femmes dans le sport».
«Je me suis fait dire [que j’étais une inspiration] beaucoup de fois et c’est vraiment le fun, même si ça me fait vieillir, poursuit-elle en riant. C’était Guy Lafleur qui m’avait inspiré quand je l’ai vu à la télé, car je n’étais pas née dans le sport. Si ce n’était pas de lui, je ne serais pas devenu journaliste sportive. Si j’ai pu faire la même chose pour certaines personnes, je trouve ça absolument extraordinaire.»
Parcours
Comme elle le mentionne, si Guy Lafleur est à l’origine de son amour pour le sport, c’est toutefois Mario Lemieux qui lui a ouvert la porte vers les médias.
Celui-ci fracassait tous les records de la LHJMQ lorsque Chantal Machabée travaillait à titre de relationniste et statisticienne des Voisins de Laval.
Gilles Péloquin, qui animait une émission sportive à l’antenne de CKSH-DT, à Sherbrooke, l’avait alors approchée pour faire une chronique hebdomadaire sur les succès du Magnifique et de la LHJMQ.
Elle n’a ensuite plus jamais arrêté de s’impliquer dans les médias, et ce, malgré les défis. Celle qui a déménagé dans Pont-Viau à l’adolescence a ensuite saisi l’opportunité de travailler avec la Sainte-Flanelle à l’hiver 2022.
«Ça se passe super bien, j’adore ça, révèle-t-elle. C’est beaucoup de travail, mais c’est le fun. Les joueurs et le staff sont incroyables. On ne parle pas beaucoup de Geoff Molson [le propriétaire de l’équipe], mais il est extraordinaire. Pour lui, tout le monde fait partie de l’équipe. C’est même une famille.»
La Lavalloise note que ce nouveau rôle lui permet d’apprendre à mieux connaître le vécu de chaque joueur. «L’athlète devient un jeune homme, image-t-elle. Ce n’est plus un numéro dans le dos, un contrat sur la masse salarial ou juste des statistiques.»
Elle dit continuer ses apprentissages dans ce nouveau rôle et espérer faire partie de l’équipe lors d’une prochaine conquête de la coupe Stanley. «Ça fait assez longtemps qu’on l’attend», affirme-t-elle en souriant.
Réaliser ses rêves
Chantal Machabée invite également les jeunes femmes à aller au bout de leurs ambitions et de ne pas s’attarder à ceux qui voudraient leur mettre des bâtons dans les roues.
«Une femme extraordinaire m’a déjà dit: « la peur est un antipouvoir ». Quand tu as peur de faire des choses, tu ne te donnes aucun moyen. Alors, n’ayez pas peur mesdames. Croyez en vous et en vos rêves. […] Il n’y a rien d’impossible. N’ayez pas peur et foncez», complète-t-elle.