Les conclusions de l’enquête menée par la CSST ont été rendues publiques le 11 février, soit moins d’une semaine après la mort tragique d’un autre camionneur, celui-là à l’emploi de Transport Camille Dionne, à Laval.
Dans le cas de l’accident survenu sur le site de la station d’épuration La Pinière, l’automne dernier, la CSST considère que «BFI Canada inc. a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité» de ses travailleurs.
Circonstances
Chauffeur de camion, alors à l’emploi de cette entreprise spécialisée dans le transport et la cueillette de matières résiduelles, M. Marchand a été écrasé mortellement lors du déplacement d’une benne à l’aide d’un camion de type porteur à faux-cadre basculant (Roll-off).
Ce jour-là, les deux camionneurs assignés au transport des bennes de boues déshydratées conviennent de travailler ensemble, improvisant une façon de faire compte tenu de l’«absence de procédure de travail visant à coordonner le travail à deux».
Lacunes
Le rapport révèle que «nulle part» dans la documentation et la formation fournies par BFI Canada inc. «on ne mentionne que le travail à deux est interdit ou présente des dangers particuliers» lors de ces manœuvres.
L’employeur «assume que le travail de récupération et de remplacement des bennes est effectué par un travailleur seul, sans toutefois s’en assurer», signalent les inspecteurs chargés de l’enquête, qui notent à cet égard une «supervision déficiente».
Depuis, BFI Canada interdit formellement le travail à deux lors de ces opérations, précise-t-on.
Par ailleurs, la CSST reproche à la Ville de Laval, propriétaire du site où est survenu le drame, de ne pas avoir établi de «règles de sécurité précises pour encadrer les interactions entre ses travailleurs et ceux des sous-traitants durant les manœuvres de chargement et de déchargement des bennes».
On y apprend qu’à un moment critique des opérations, un employé de la Ville remettait un document au chauffeur, alors aux commandes de son camion, ce qui a constitué «une distraction» et contribué «à la survenance de l’accident», lequel fut fatal pour l’employé qui se trouvait entre le châssis basculant du camion et la paroi de la benne.
Réaction
Vice-président santé et sécurité du Syndicat des cols bleus de Ville de Laval, Francis Desjardins a expliqué que «personne n’a vu venir cet accident-là», voire même que «jamais personne n’avait identifié un danger potentiel» lors de ces manœuvres à l’usine La Pinière.
«La Ville a pris toutes les mesures nécessaires à la suite de l’accident pour sensibiliser nos 550 travailleurs aux règles de sécurité», a-t-il terminé.
Amendes
En vertu de l’article 237 de la Loi sur la santé et la sécurité au travail, BFI Canada s’expose à une amende oscillant entre 16 000 et 64 500 $ dans le cas d’une première infraction.
Quant à Ville de Laval, elle est passible d’une amende variant entre 1600 et 3225 $.
En cas de contestation de l’amende ou de l’infraction, la cause sera entendue par un juge de la Cour du Québec.
BFI Canada et la Ville ont jusqu’au 5 mars pour réagir aux conclusions du rapport d’enquête de la CSST.