Les personnes vivant avec un trouble neurocognitif viennent d’horizons tout aussi divers que la variété des maladies et problèmes de santé qui provoquent ces troubles cérébraux.
Au Canada, nous risquons de manquer à notre devoir envers le nombre sans cesse croissant de personnes vivant avec un trouble neurocognitif et leurs proches aidant.e.s si les soins et services offerts ne sont pas adaptés à leurs besoins, affirme une nouvelle étude de la Société Alzheimer du Canada.
Rapport
L’Étude phare : Les multiples facettes des troubles neurocognitifs au Canada est le deuxième d’une série de trois rapports portant sur les répercussions démographiques, sociales et économiques des troubles neurocognitifs au pays.
Il s’agit de l’une des premières études au Canada qui cherche à mieux comprendre les nombreuses facettes des troubles neurocognitifs et à trouver des solutions équitables aux difficultés qui y seront associées, afin que personne ne soit laissé de côté.
Avec le vieillissement rapide de la population canadienne, le nombre de personnes vivant avec un trouble neurocognitif augmentera de 187% d’ici 2050, selon l’étude.
«Les obstacles structurels et les déterminants sociaux de la santé influent sur la santé cérébrale d’une grande partie de la population, affirme Joshua Armstrong, chercheur scientifique à la Société Alzheimer du Canada et auteur principal de l’étude, par voie de communiqué. Nos conclusions mettent en lumière la nécessité d’adapter notre façon d’aider les gens – y compris les personnes autochtones et racisées et les adultes plus jeunes – à vivre avec un trouble neurocognitif tout en favorisant l’accès universel aux soins, diagnostics et outils de prévention.»
En 2030, environ un million de Canadien.ne.s vivront avec un trouble neurocognitif, ce qui entraînera son lot de conséquences d’un bout à l’autre du pays, dans toutes les sphères et cultures.
Selon la Société Alzheimer du Canada, pour créer des résultats positifs, il faut lutter davantage contre la stigmatisation, la discrimination et les stéréotypes.
«Nous devons travailler ensemble pour intégrer la diversité et l’inclusion à une approche plus holistique de la prévention et de la prise en charge des troubles neurocognitifs», souligne Natasha Jacobs, responsable du groupe consultatif de la Société Alzheimer du Canada, via communiqué.
Le grand-père de Natasha, originaire de la Guyane, a développé un trouble neurocognitif à début précoce. Elle a donc fait partie de son cercle de soins très jeune.
«Les familles racisées ou immigrantes sont souvent isolées, poursuit-elle. La peur est l’une des principales raisons pour lesquelles ces gens ne demandent pas de l’aide rapidement. Si ma famille avait eu accès à des ressources de soutien adaptées à ses besoins, ça aurait tout changé.»
Conclusions
Le rapport a mis en lumière d’autres conclusions pertinentes.
D’ici 2050:
- Le nombre de personnes vivant avec un trouble neurocognitif au Canada devrait augmenter de 187% pour atteindre 1,7 million de personnes.
- Le nombre de personnes d’ascendance autochtone vivant avec un trouble neurocognitif au Canada devrait augmenter de 273%, passant de 10 800 à 40 300 personnes.
- Presque un quart des personnes qui vivront avec un trouble neurocognitif au Canada seront d’origine asiatique.
- Le nombre de personnes d’origine africaine atteintes de troubles neurocognitifs au Canada devrait augmenter de 507%, passant de 4 800 à 29 100.
- Le nombre de personnes originaires d’Amérique latine, centrale et du Sud atteintes de troubles neurocognitifs au Canada devrait augmenter de 434%, passant de 3 500 à 18 500.
- En 2020, 61,8% des personnes vivant avec un trouble neurocognitif et plus de la moitié des proches aidants au Canada étaient des femmes. On prévoit qu’en 2050, plus d’un million de Canadiennes vivront avec un trouble neurocognitif.
- Les troubles neurocognitifs à début précoce (qui se manifestent chez les personnes de moins de 65 ans) représentent des défis particuliers qui entraînent notamment des diagnostics tardifs et des difficultés à obtenir des aménagements au travail. Plus de 40 000 personnes de moins de 65 ans pourraient vivre avec un trouble neurocognitif au Canada en 2050. En 2020, elles étaient environ 28 000.
Le rapport se conclut avec une série de mesures que les Sociétés Alzheimer à travers le Canada, les fournisseurs de soins de santé, les gouvernements et la communauté de recherche peuvent prendre pour mieux comprendre les troubles neurocognitifs chez les populations autochtones et issues de la diversité, ainsi qu’avec des suggestions ayant trait à l’écart entre les genres et aux troubles neurocognitifs à début précoce. (C.P./IJL)