Appartenance, identité et partage sont quelques-unes des valeurs qui définissent ce mois de jeûne. Le Ramadan, un des cinq piliers du Coran, est un rendez-vous incontournable dans le calendrier des musulmans. À quelques jours de la fin de ce mois, le Courrier Laval est allé partager la rupture du jeûne avec la famille Medfaï.
Dès l’approche de la porte d’entrée de la maison unifamiliale située dans Pont-Viau, on perçoit des odeurs de plats, qui ont mijoté pendant des heures. Il est 19h45, toute la famille est à la maison, une demi-douzaine de plats sont disposés sur la table, prêts à être servis.
Quelques minutes plus tard, une prière en langue arabe retentie sur la station de radio libanaise. «L’appel de la prière signifie le début de la rupture du jeûne. C’est calculé par rapport à l’horloge lunaire», explique Camelia Medfaï, la mère de famille.
Tous les soirs, depuis le 1er août, ces Lavallois se rassemblent pour partager cet important moment. «C’est aussi l’occasion d’inviter des proches et de la famille», ajoute Ammar Medfaï, le père de famille, responsable des cours de langue arabe à l’Université de Montréal. Ce soir-là, c’est Kaiser Zoghlami, le fils d’un de ses amis d’enfance, qui partagera le repas.
Des mets plein la table
La rupture du jeûne débute par la chorba, une soupe composée d’orge, d’agneau et de légumes, accompagnée de briques au thon.
«Cela nous ouvre l’appétit et prépare notre estomac. C’est aussi une tradition de commencer le repas par des dattes et du lait, mais certains produits sont difficiles à trouver», ajoute M. Medfaï. Préparer un estomac vide depuis 3h30 du matin. Puis, c’est la méchouia, une salade traditionnelle tunisienne, le pays d’origine des Medfaï, faite de tomates, poivrons et olives.
Une demi-heure plus tard, suivra le plat principal. Frites, légumes, agneau et saucisse. «Pendant le repas, on déguste. On prend du temps pour manger, cela fait partie de l’esprit du Ramadan», ajoute-t-il.
Moment privilégié
À table, les discussions vont des dernières actualités libyennes à l’intrigue du feuilleton, diffusé sur l’écran du salon.
«Le prophète a fait ses guerres pendant le Ramadan. Ce qui se passe aujourd’hui contre Mouammar Kadhafi tient du miracle, pense Ammar Medfaï. Malgré la faim, les Libyens trouvent cette force. C’est miraculeux», répète-t-il.
Au-delà des instants familiaux, le mois du Ramadan est un état d’esprit, qui permet de prendre conscience des acquis, de se recentrer sur soi-même tout en pensant à autrui. «C’est vraiment un moment privilégié, confirme le fils de 26 ans, Karim. C’est l’occasion de se retrouver, de partager, de s’inviter et de s’investir auprès des autres.»
Loin du pays
Même si les traditions traversent les frontières, les mois de Ramadan sont bien différents au Québec qu’en Tunisie.
«Le pays nous manque particulièrement lors du Ramadan», confie le père de famille. «Là-bas, tout est adapté en fonction du jeûne, les emplois du temps, les écoles… Il y a plein de spectacles dans les rues, on sort et on fête», poursuit Karim. Et lorsqu’on parle du pays, les yeux de la maman pétillent. «Les magasins rouvrent après la rupture du jeûne, on peut faire des courses et on ne se couche pas avant les deux-trois heures du matin.»
Veillée ramadanesque
À 21h15, Camelia Medfaï sert le thé. Des noix de cajou accompagnent la boisson chaude, qui clôt le repas.
«Après on veille, c’est la veillée ramadanesque, précise-t-elle. Ici, certains sortent, vont fumer la chicha ou vont à la mosquée.»
Les Medfaï ne s’attableront pas une seconde fois durant la soirée. «En fait, on ne fait qu’un repas par jour. Avant le coucher, on grignote, on mange des fruits et c’est tout.»
Les soirées familiales se succéderont jusqu’à la fin du Ramadan, la fête de l’Aïd, ou «la petite fête», comme ils l’appellent. C’est l’occasion d’échanger cadeaux et pâtisseries ainsi que de faire des dons à des nécessiteux.