Le 18 novembre, sur la rue Jean-Paul-Sartre, à la brunante. Une Ford Explorer sombre, dotée d’une plaque F, est garée devant une maison, moteur coupé, lumières éteintes. Sur le siège du conducteur, une silhouette se profile.
Depuis près de cinq mois, les citoyens du voisinage assistent, impuissants, au mystérieux va-et-vient de plusieurs véhicules du genre.
Témoignages semblables
«Je suis le premier à avoir appelé la police», dit un résident du secteur qui désire garder l’anonymat, comme les autres citoyens interviewés par le Courrier Laval.
Leurs témoignages concordent. Le manège qu’ils décrivent est inquiétant. Le plus souvent, deux, trois, parfois même quatre véhicules patrouillent dans le secteur, de jour comme de nuit.
Pourquoi certains de leurs voisins ont-ils besoin d’une protection aussi importante? C’est la question qu’ils se posent tous avec effroi.
Sans réponse
«Souvent, ils stationnent sur la rue Simone de Beauvoir, à l’entrée du développement, dit le même résident. Je crains pour la sécurité de ma famille. J’ai quatre enfants.»
Un de ses voisins dit avoir localisé «quatre ou cinq maisons» qui semblent être ciblées par les surveillants en VUS. «Il y a des mouvements de personnes entre les maisons, dit-il. Les gens sont escortés d’une maison à l’autre.»
Un troisième citoyen raconte qu’il arrive que des visiteurs qui se rendent chez lui soient suivis. Tout a commencé en octobre, se souvient-il. «Plusieurs familles ont appelé la police, depuis. Je suis même allé au quartier général. Ils nous disent: « Ne vous en faites pas. »»
Une réponse qui ne satisfait personne. Le conseiller municipal du district, Yvon Bromley, est également au courant du dossier, mais aucune suite n’est donnée, assurent les citoyens interrogés. M. Bromley n’a pas retourné les appels du Courrier Laval.
Mansef Productions
Deux résidents disent avoir parlé avec les conducteurs des mystérieux véhicules. Dans les deux cas, la carte professionnelle qu’on leur a tendue portait le nom de Mansef Productions. L’entreprise est propriétaire d’un réseau de sites pornographiques. La chose ne rassure personne.
Au Département de police de Laval, on valide que des résidents du coin ont embauché des agents de sécurité privés. «Selon les informations qu’on possède, les gens n’ont pas à s’en faire», assure le lieutenant Daniel Guérin, responsable des communications. «La situation est hors du commun», concède-t-il, tout en étant avare de commentaires quant aux informations colligées auprès des individus qui retiennent les services de ces agents de sécurité. «Ils ont été victimes de menaces et d’intimidation. Ils ont aussi fait appel à la police de Montréal.»
Est-ce que ces agents privés surveillent plusieurs maisons? Combien? Les enquêteurs se sont-ils penchés sur les activités menées dans ces maisons? «On a constaté le va-et-vient, on a regardé la question dans tous les sens», répond M. Guérin.
Malgré cela, les VUS circulent toujours dans le voisinage, confirmait récemment un résident.
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