Le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, n’est pas si pressé. «Réouvrir le contrat demain matin, ce n’est pas dans les plans», indique-il.
Cela ne signifie pas qu’il faille cesser de recycler, dit-il. Pas au moment où les Lavallois récoltent les fruits de leurs efforts, en dépassant de 4 % l’objectif de valorisation des matières recyclables, fixé par Québec à 60 %.
«On ne leur a pas couru après»
Quand le marché était favorable, au printemps 2008, le Groupe Tiru a signé un contrat de dix ans avec Ville de Laval, stipulant qu’il offre ses services… sans réclamer un sou. «On ne leur a pas couru après; c’est eux qui sont venus nous voir», note le maire.
La seule source de revenu du centre est la vente des matières. La valeur de ces dernières a fondu comme neige au soleil, depuis l’automne. La Chine, autrefois bonne cliente, a fermé ses portes aux matières importées.
En novembre dernier, l’entreprise de Montréal accusait des pertes de l’ordre de 100 000 $ par semaine. La situation s’est alourdie depuis. Le contrat signé avec Montréal prenait effet en janvier. Avec le contenu des bacs de Laval, c’est désormais 125 000 tonnes de matières que le centre traite annuellement. À cela se sont ajoutées récemment quelque 25 000 tonnes, provenant de municipalités de l’ouest de l’île de Montréal.
Maintenant que Groupe Tiru veut rouvrir le contrat, la nouvelle entente devra être mutuellement avantageuse, prévient M. Vaillancourt. «À partir du moment où ils voudront partager le risque, il va falloir parler de partage de bénéfices.»
Le contrat actuel prévoit que les deux parties partagent les revenus de la vente des matières lorsqu’elles atteignent plus de 105 $ la tonne.
Avantageux
Parmi les mesures annoncées le 28 janvier par la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Line Beauchamp, figurent des modifications législatives facilitant l’ajustement des contrats entre les municipalités et les centres de tri.
«C’est à l’avantage des municipalités», commente Dave Leclerc, porte-parole de la ministre Beauchamp. Si le centre de tri est sur le bord de fermer, la municipalité devra aller en appel d’offre et le prix [du traitement des matières] sera plus élevé», étant donnée la conjoncture.
Qui plus est, si, par exemple, une municipalité accepte de payer 10 $ de plus la tonne, Éco Entreprises Québec s’engage à verser une compensation de 5 $ la tonne, ajoute M. Leclerc
Le gouvernement du Québec a également annoncé la création d’un fonds d’aide financière pour permettre aux centres d’investir dans la mécanisation du tri. Avec des matières recyclables mieux triées et donc de meilleure qualité, on créé des débouchés sur le marché local, qui a des standards plus élevés que la Chine.
Mais le marché est à plat partout. Même pour le centre du Groupe Tiru, qui a investi des sommes importantes dans ses équipements il y a quelques mois, avant que les prix piquent du nez. «En ce moment, même en donnant [les matières recyclables], on ne trouve pas de débouchés pour la matière», expose Michel Parent.
C’est particulièrement vrai pour le papier et le carton, qui s’empilent partout autour du centre montréalais. «Nos espaces sont complets et on occupe 80 % de l’espace « prêté » par la Ville de Montréal.»
Quatre centres ont cessé leurs opérations au Québec. «Ils reçoivent quand même les matières résiduelles, et les envoient aux autres centre de tri. Ils attendent la reprise», explique Hélène Sauvageau, agente d’information à Recyc-Québec.
Source: ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs; Recyc-Québec