Une nouvelle enquête de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) révèle que 74% des besoins en pharmaciens pour prodiguer des soins dans les urgences ne sont pas comblés à Laval.
Le constat est alarmant pour 3 autres secteurs névralgiques: oncologie (26%), unités de soins intensifs et coronariens (71%) et dialyse rénale (54%).
«Les trois-quarts des patients qui auraient besoin d’un pharmacien [aux urgences à Laval] n’y auront pas accès, déplore la présidente de l’APES Julie Racicot. Le pharmacien à l’urgence permet d’améliorer l’efficacité et l’attente. Il peut aussi permettre d’éviter un cercle d’examens et contribuer à accélérer le diagnostic dans certaines situations.»
Pourtant, tous les postes sont comblés au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval. Ce sont environ 55 pharmaciens, à temps partiel et temps plein, qui se partagent les 40 postes à pourvoir.
«Nos postes sont comblés, mais les besoins sont loin de l’être, explique Roxane Therrien, cheffe du département de pharmacie du CISSS de Laval. Il manque au moins 10 postes pour les secteurs critiques. Pour les secteurs plus généraux, on parle plus de 30 postes afin d’offrir une couverture optimale en fonction de ce qui est recommandé dans la littérature.»
Les tâches des pharmaciens d’établissement incluent notamment la révision des médicaments pris à la maison, la participation aux tournées médicales, le soutien au choix de traitement, une intervention en cas d’effets secondaires à des médicaments, ainsi que l’organisation du congé et du traitement à domicile.
Attirer la relève
Les besoins non comblés ne sont pas uniques à Laval. Tous les établissements au Québec sont à la recherche de pharmaciens, et ce, depuis plusieurs années.
Certaines régions ont même des postes non comblés, ce qui peut justifier pourquoi le ministère de la Santé ne débloque davantage de ressources. Selon Mme Racicot, il manquerait actuellement des pharmaciens «par centaine».
Le manque s’explique par les difficultés d’attractivité de la profession et la concurrence du secteur privé qui offre un meilleur salaire et des conditions de travail plus flexibles. Les pharmaciens d’établissement doivent également faire une maîtrise, ce qui correspond à une année et demie supplémentaire aux études.
«Il y a des bourses octroyées à la maîtrise pour en faire la promotion, mais elles ne sont pas toutes comblées, détaille la présidente de l’APES. Nous offrons 120 bourses à Montréal et Québec. Cette année, il y a eu 89 inscrits. On en laisse donc une trentaine sur la table.»
Par chance, Laval est l’un des milieux de maîtrise, ce qui permet à l’établissement d’être en contact direct avec la relève et combler les postes disponibles à chaque année. Roxane Therrien croit tout de même qu’il faut chercher à promouvoir davantage la profession.
Julie Racicot partage son avis.
«C’est une pratique hautement stimulante lors de laquelle nous devenons vraiment des experts dans notre domaine, soutient-elle. Nous travaillons avec des médecins spécialistes, infirmières et plusieurs autres professionnels. Nous sommes vraiment en interdisciplinarité et c’est très valorisant.»
Négociations
L’APES vient d’entamer les négociations de la convention collective des pharmaciens d’établissement avec le gouvernement du Québec.
Celle-ci est échue depuis le 31 mars 2023.
«Nous proposons plusieurs solutions, assure Julie Racicot. Oui, nous cherchons une augmentation salariale pour, au moins, se rapprocher du privé, mais nous voulons aussi travailler à contrer le manque de pharmaciens. Il faut en parler avec le Ministère, car la situation ne va pas en s’améliorant.»
Parmi les solutions, notons le fait de rendre la maîtrise plus accessible avec des cours à distance afin de faciliter la réorientation vers la pratique en établissement. Une campagne de promotion du métier est également souhaitée.
«Ça fait des années qu’on essaie de valoriser la profession de pharmacien d’établissement. Il faut que des actions soient prises au niveau du gouvernement pour nous permettre de recruter davantage», complète Roxane Therrien.
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