Un sondage Léger a révélé une forte préférence de la part du public (70%) pour que les provinces se servent des actions juridiques intentées contre les fabricants de tabac pour les forcer à progressivement éliminer la vente commerciale de cigarettes au Canada.
Les résultats de cette enquête sont d’ailleurs publiés à l’aube de l’audition du mercredi 27 septembre lors de laquelle le tribunal étudiera la demande de sursis réclamée par les cigarettiers. Si elle était accordée, elle serait la 11e du genre et aurait pour effet d’étendre à cinq ans la suspension de toutes les poursuites auxquelles l’industrie fait face.
L’appui pour une telle suppression graduelle est généralisé à travers toutes les provinces, y compris celles qui ont fait appel à des consortiums juridiques travaillant sur une base d’honoraires conditionnels. Cela inclut les provinces de l’Atlantique (74%), le Manitoba et la Saskatchewan (65%), l’Alberta (64%) et la Colombie-Britannique (72%).
Éliminer plutôt que compenser
Les résultats démontrent aussi que les Canadiens sont beaucoup plus nombreux (38%) à préférer une élimination progressive comparativement à une compensation financière (15%).
«Selon toutes les indications, le but principal des provinces dans ces litiges est d’obtenir une entente financière plutôt que de mettre fin au tort qui a poussé ces entreprises à se retrouver en situation d’insolvabilité, explique Cynthia Callard, directrice des Médecins pour un Canada sans fumée, par communiqué. Or, les résultats du sondage démontrent qu’une telle vision à court terme axée sur l’indemnisation de l’État ne représente pas le dénouement souhaité par les deux tiers de Canadiens [67%].»
« Les résultats de ce sondage révèlent que les Canadiens réalisent que d’importantes réformes de cette industrie mortelle sont requises, ajoute Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Les actions juridiques entreprises par les provinces ont effectivement mené à la faillite de l’industrie et l’État doit maintenant décider si les procédures d’insolvabilité maintiendront la vente commerciale du tabac ou forceront les fabricants à graduellement mettre fin à la vente de leurs produits.»
Rappelons qu’une étude de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac avait établi que le Québec et l’Ontario réaliseraient respectivement 22,6 et 26,1 milliards de dollars d’économies en matière de santé et autres coûts liés aux maladies si la prévalence du tabagisme diminuait à moins de 5% d’ici 2035.
Une telle réduction représenterait 641 000 fumeurs de moins au Québec.
«Il faut tenir les fabricants de tabac imputables pour les torts qu’ils ont causés et les provinces devraient, elles aussi, avoir leur part de responsabilité si elles acquiescent à une entente qui continuera de permettre à ces fabricants de causer des torts comme si de rien n’était» complète Les Hagen, directeur administratif d’Action on Smoking & Health au Canada. (N.P.)