Près de 400 résidents du quartier Pie-X, dans Chomedey, s’opposent aux travaux de réaménagement de leur parc au coût de 24 M$.
Une pétition de 381 noms a été déposée à la séance du conseil municipal de février, réclamant notamment la suspension du projet qui implique l’élargissement de quatre passages urbains menant au parc.
«Alors que la Ville prétend que la démocratie participative fait partie de son ADN, comment justifier que nous, les citoyens payeurs de taxes du quartier Pie-X, n’ayons pas été consultés», a lancé le pétitionnaire Christian Veilleux en s’adressant aux élus municipaux.
Avis d’empiètement
Domicilié rue Olivar-Asselin depuis plus de 30 ans, M. Veilleux a été informé des travaux à venir via une lettre datée du 18 juillet 2023 par laquelle la Ville l’enjoint de libérer «au plus tard le 1er mai 2024» la parcelle de terrain large de 12 pieds qu’il occupe «sans autorisation» en bordure d’un passage clôturé donnant accès à la rue Marguerite-Bourgeoys, au nord.
«Dans le cadre de la planification des travaux, nous avons constaté que vos installations empiètent sur la propriété de la Ville de Laval et contreviennent aux droits que la Ville détient sur le lot», peut-on y lire.
Quinze autres propriétaires ont reçu le même avis d’empiètement émanant du Bureau des transactions et des investissements immobiliers. Ils avaient jusqu’au 1er septembre 2023 pour signer et retourner la «lettre d’engagement» annexée à l’avis. À ce jour, la Ville n’a reçu qu’une seule de ces 16 lettres.
Un second avis leur a été transmis le 3 novembre dernier, les informant que des repères d’arpentage allaient être installés afin de fixer les limites de leur propriété. Un aide-mémoire y indiquait la liste des installations, équipements et aménagement que les propriétaires se devaient de déplacer avant le début des travaux. Quant aux clôtures et haies empiétant sur la propriété publique, elles seront retirées par la Ville le moment venu des travaux.
Les citoyens visés par l’avis sont alors invités à prendre contact avec Marie-Ève Alder, architecte-paysagiste et coordonnatrice de projet à la Division parcs et espaces publics, de manière à convenir d’une «rencontre personnalisée» à domicile.
Enjeux de sécurité
Dans un courriel adressé au Courrier Laval, l’administration municipale explique «récupérer ses droits en lien avec les empiètements aux endroits des passages piétonniers pour les réaménager de manière sécuritaire et en faire bénéficier l’ensemble des citoyens».
On évoque ici les quatre passages reliant les rues Marguerite-Bourgeoys à Olivar-Asselin; Olivar-Asselin à Cardinal; Cardinal à Bernard et Bernard à Brien.
Quant au passage situé plus au nord menant de la rue Adolphe-Chapleau à Coursol, il n’est pas visé par le projet.
«Les aménagements proposés permettront […] d’offrir des sentiers sécuritaires et accessibles à tous, incluant les personnes à mobilité réduite», poursuit-on.
Les accès passeront ainsi de 6 à 10 pieds de large avec gazon et plantation d’arbres de part et d’autre pour une largeur totale de 30 pieds.
Par ailleurs, la Ville souligne que le parc Pie-X est un «parc de communauté» desservant les résidents dans un rayon de deux kilomètres et que le «plan d’aménagement» a été élaboré en fonction des «enjeux de sureté et de sécurité» avec la collaboration du Service de police.
Seuls des ados ont été consultés
Christian Veilleux et les propriétaires qu’il représente demandent à l’administration Boyer de «s’acquitter de son devoir de consultation et [les] rencontrer collectivement pour [leur] permettre d’expliquer [leurs] observations, préoccupations et proposer des solutions mieux adaptées au quartier autour du parc».
À la séance du conseil du 6 février, la conseillère du district, Sandra El-Helou, a fait valoir que les «jeunes pour qui ce parc est fait» ont été dûment consultés à l’été 2022 et que le rapport de consultation est disponible en ligne sur le site Repensons Laval.
«On considère que la consultation a été faite», a repris le maire Boyer, précisant que «les consultations prennent différentes formes».
Le groupe des 16 persiste et signe dans sa «démarche légitime, raisonnable, démocratique», appuyée par près de 400 «adultes, payeurs de taxes, citoyens ou usagers du parc Pie-X», affirmait-il par texto le 15 février.
Le jour même, la Ville nous signifiait qu’«aucun autre exercice de consultation n’est prévu», considérant que l’appel d’offres sera lancé en 2024.
Et pourquoi ne pas avoir consulté les 16 propriétaire directement concernés et affectés ?
«Une analyse des besoins du quartier a été réalisée en amont du projet et ceux-ci ont été pris en considération dans la conception du parc. Étant donné les nombreux besoins d’équipements et l’espace existant, la marge de manœuvre pour la consultation a été délimitée à la zone ados», répond la Ville.
Droit de préemption
Enfin, les propriétaires des quatre résidences situées à l’entrée sud et nord du parc ont reçu, l’été dernier, un avis de préemption livré par huissier, les avisant que la Ville pourrait éventuellement acquérir leur résidence. La période d’assujettissement au droit de préemption est d’une durée maximale de 10 ans. Il s’agit d’un nouveau pouvoir conféré par Québec aux Municipalités. Un avis d’assujettissement ne peut être refusé, précise la missive.
L’un des quatre propriétaires venait à peine d’emménager dans sa maison nouvellement acquise au moment de recevoir l’avis.
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