Deux frères jumeaux et hockeyeurs pour les Patriotes de Laval dans le Midget Espoir ont vécu un drame, le 10 novembre, alors que leur père, Sylvain, qui venait d’assister à une victoire de 5 à 1 face aux Conquérants B. des Laurentides, la veille, ne s’est jamais réveillé. À l’âge de 51 ans, son cœur a arrêté de battre durant son sommeil.
Selon la coroner, ce dernier souffrait de deux maladies cardiaques graves depuis au moins 10 ans et devait éprouver des malaises sur une base quotidienne.
«Sylvain n’était pas quelqu’un qui se plaignait, mentionne Marie-France Deschâtelets, la mère des deux garçons. À bien y penser, c’est vrai qu’il avait des symptômes, mais personne ne le savait.»
L’événement a surpris la famille, car Sylvain Legros semblait bien aller. «Tout avait l’air correct, raconte Xavier Legros, l’un des deux jumeaux. On venait de jouer un gros match. Après la rencontre, mon frère et moi sommes allés à un party. Mon père est venu nous chercher, comme il le faisait toujours. En arrivant à la maison, on a discuté jusqu’à deux heures du matin.»
«Je n’aurais jamais pensé qu’il était malade, ajoute son frère Mathis Legros. Il nous parlait comme si tout allait bien.»
« Quand je l’ai vu sans vie le lendemain, je n’y croyais pas. Ce n’est pas le genre de souvenir que tu veux avoir.»
– Xavier Legros
Solidarité
La nouvelle s’est rapidement propagée dans l’équipe et un geste de solidarité a été orchestré immédiatement. Une bannière en l’honneur du défunt se trouvait derrière le banc des joueurs lors de la rencontre suivante.
«Quand j’arrivais au banc et que j’étais découragé, je la regardais et ça me donnait de l’énergie», témoigne Xavier Legros qui agit à titre de capitaine pour la formation.
Les joueurs porteront aussi des collants sur leur casque à la mémoire de papa Sylvain.
Près de 400 personnes se sont déplacées pour ses funérailles. «Je suis heureuse de savoir que mon conjoint était aussi apprécié que moi je pouvais l’aimer», témoigne Marie-France Deschâtelets.
Des dires de la mère, l’équipe des Patriotes s’est comme une famille. «J’ai été surpris par toute l’aide que nous avons reçue, ajoute Mathis. Même les joueurs à qui nous parlions moins étaient présents pour nous.»
«Je ne sais pas que ce que je ferais si je n’avais pas le hockey», admet son frère.
Maturité
Dans la victoire du 9 novembre, les jumeaux avaient inscrit trois des cinq buts de l’équipe, dans ce qui a finalement été le dernier match vu par leur père.
«Je suis content de savoir que la dernière fois qu’il nous a vus jouer, c’est celle où on a été bon», se console Mathis.
Les deux jeunes de 16 ans réalisent maintenant tout ce que ce dernier faisait pour les aider. «Après nos matchs, il nous disait toujours nos points positifs et négatifs, ajoute Xavier. Parfois tu es tanné et tu ne l’écoutes pas parce que c’était ton père. Maintenant qu’il n’est plus là, on n’en a plus de feedback. C’est là que tu réalises qu’il faisait ça pour notre bien.»
Cette perte a changé bien des choses dans la vie des deux hockeyeurs. «Avant, on agissait comme des adolescents avec leurs parents, de dire Mathis Legros. Maintenant, c’est comme si on était devenu mature. Chaque fois que je vois ma mère, je lui donne un câlin et ça me réconforte.»
«On ne le savait pas que mon père avait cette maladie, complète Xavier. Ça peut arriver à n’importe qui. Maintenant j’ai des conversations profondes avec les gens que j’aime, parce que c’est peut-être la dernière fois que je vais les voir.»
Souvenir
Les deux joueurs ont eu de la difficulté à choisir un seul souvenir¸ eux qui décrivent leur père comme un être très compétitif qui laissait sa marque partout où il passait.
«Mes meilleurs moments sont au chalet, se remémore Mathis. On y allait à chaque été avec les amis de nos parents. Ça fêtait tard. Ça chantait et on avait toujours du fun. Je revivrais ça n’importe quand.»
«Pour moi, c’est quand on partait pour un tournoi pendant la fin de semaine juste avec lui, de voir comment il s’impliquait, se rappelle Xavier. Quand on gagnait, il était tellement fier de nous.»
Les deux jeunes auraient souhaité lui dire une dernière chose avant qu’il parte. «J’aurais aimé lui dire je t’aime, parce que je ne lui disais jamais», admet Mathis.
«Je dirais la même chose, mais aussi, merci pour tout», conclut son frère.