Les enfants lavallois vont retourner progressivement dans les garderies à partir du lundi 18 mai, mais leurs repères de base changeront à tout jamais avec les nouvelles mesures de distanciation et d’hygiène qui devront être respectées.
Lavage des jouets trois fois par jour, triage des enfants à l’entrée des édifices, éducatrices masquées, interdiction des peluches et casse-têtes; ce sont quelques exemples de changements qui seront faits dans toutes les garderies.
«Les enfants vont devoir s’adapter et on va essayer de respecter les protocoles dans la mesure du possible, a commenté Marie-Claude Plante, directrice du CPE Le Hêtre dans Laval-des-Rapides. Il est impossible de pratiquer la distanciation sociale avec les petits enfants parce que se tenir à distance va contre tous les fondements physiques et affectifs de notre métier.»
La directrice du CPE Le Hêtre a confirmé que le lavage des mains systématique sera la mesure la plus importante à respecter, ainsi que le changement des vêtements automatique chez les éducatrices.
Cependant, Marie-Claude Plante aimerait que tous les enfants se fassent tester avant l’ouverture des garderies pour garantir au mieux la sécurité de tous.
D’autre part, le gouvernement va fournir des masques, visières et gants pour les éducatrices dans tous les CPE, garderies en milieu familial et garderies privées non subventionnés.
Les éducatrices enceintes ou celles âgées de 60 et plus ne seront pas invitées à fréquenter les établissements.
Pénurie de personnel
Le ratio par éducatrice devra être revu à la baisse. Les garderies et CPE devront fonctionner idéalement à 30% de leur capacité normale.
«Il y a beaucoup d’enjeux qui vont arriver quand la quantité du personnel disponible ne sera plus suffisante, déclare Louise Labrie, représentante des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) de Montréal et Laval. Les CPE utilisaient le personnel supplémentaire pour faire le nettoyage des locaux et jouets.»
Pour le syndicat, le grand enjeu sera le remplacement du personnel malade et le maintien de ratios d’éducatrices avec l’augmentation graduelle des enfants.
«Même lors de l’ouverture des services éducatifs d’urgence, on avait déjà des problèmes pour avoir toutes les éducatrices à temps plein, ajoute-t-elle. Même si les CPE décident d’engager des préposés à l’entretien, il sera très difficile de les garder avec des salaires aussi bas.»
Longue liste
«On va devoir jongler avec une longue liste de mesures à respecter, mais on est prêtes à aller de l’avant», affirme Martine Poirier, directrice du CPE Brins d’éveil, dans Pont-Viau.
D’après une liste envoyée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans toutes les garderies le 27 avril, les mesures à respecter sont nombreuses: instauration de trajets de circulation à sens unique dans les locaux; heures d’arrivée et départ étalées; même local toute la journée; parents ne pouvant plus rentrer dans la garderie, puisqu’un seul parent pourra venir chercher son enfant; jeux de contact à éviter; utilisation de joues limitée d’un enfant à la fois, etc.
En temps normal, le CPE Brins de l’éveil reçoit 90 enfants et a reçu jusqu’à 3 enfants par jour pendant la période de confinement. La directrice assure qu’en ce moment, il est difficile de mesurer l’impact des nouvelles normes.
«La distanciation sociale est surréaliste avec des petits enfants, mais on va y aller de jour en jour en utilisant notre bon sens, continue-t-elle. On garde une attitude positive, on est optimistes. Mais il sera difficile pour nous de choisir dans quelques semaines quels enfants vont pouvoir venir ou pas au CPE. Le gouvernement devra nous donner une liste plus précise des enfants à prioriser. Comme ça, nous n’aurons pas à choisir.»
Si la demande dans les services de garde dépasse le 30% imposé, les garderies devront choisir les enfants en fonction de la liste des services et activités prioritaires du gouvernement et favoriser l’accès aux enfants vulnérables.
En milieu familial
La réalité dans les garderies en milieu familial est différente de celle des CPE.
«Les garderies en milieu familial de Laval vont devoir s’adapter avec des espaces qui sont déjà plus petits, explique Lyne Robichaud, présidente de l’Alliance des intervenantes en milieu familial (ADIM) Laval. Il sera plus difficile de respecter les mesures de distanciation.»
Ces établissements vont recevoir un kit de protection pour toutes les éducatrices le lundi 18 mai.
La présidente de l’ADIM Laval explique que certains responsables de garderies vont fermer leurs portes parce qu’ils sont inquiets. Toutefois, le gouvernement continue de payer toutes les subventions pour qu’une réouverture soit possible.
«On est encore en train de voir toute l’information et on se demande si le gouvernement continuera à payer pour les places des enfants qui ne viendront pas à la garderie. Avoir ces subventions pendant le déconfinement serait indispensable pour la survie des garderies.»