Digne d’un film de gangsters, c’est littéralement comme ça que la nouvelle suivante pourrait-être qualifiée. Un réseau de vols de voitures opérant à Laval, mais aussi partout au pays, vendrait son butin à l’international.
Par une simple missive comme une salle de rédaction en reçoit des dizaines par semaine, une vraie boîte de Pandore s’est ouverte. Ce qui semblait ressortir comme des vols en but de revendre des pièces automobiles, semble davantage être dans le but de répondre à une demande. Autrement dit, le réseau volerait des voitures commandées et déjà vendues, répondant aux besoins d’une clientèle précise.
De quoi donner des frissons
Les réseaux de vols de voitures, chapeauté par une organisation criminelle, ne s’encombrent dorénavant plus des pièces de véhicules pour les revendre. Les véhicules sont désormais volés dans leur entièreté, répondant par le fait même aux besoins d’une clientèle. Autrement dit, une personne commande un véhicule et les voleurs se mettent à l’œuvre. Désormais, il n’est plus question d’anticiper une vente future, ou encore, de s’encombrer des pièces automobiles risquant de se faire prendre avec. Aussitôt commandée, la marchandise est expédiée.
Plus effroyable encore, ce sont les techniques utilisées par ces malfrats. Ces derniers auraient, comme moyen pour exécuter leur sombre dessein, une application leur donnant accès aux codes des différentes compagnies d’automobiles. De cette manière, ils recueillent le numéro de série du véhicule ciblé, l’entrent dans leur application et de ce fait, ils obtiennent les codes des concessionnaires leur permettant, du même coup, de faire une copie des puces que contiennent les clefs des propriétaires. Loin des vitres brisées ou des portes forcées, maintenant ils n’ont qu’à attendre que le champ soit libre et accéder sans encombre à leur butin. Information confirmée par la Sureté du Québec et la Police de Laval.
Le plus étonnant dans cette nouvelle technologie utilisée, c’est la traque qui précède le vol. En effet, certains voleurs utilisent sans vergogne un GPS placé sur une voiture. Ainsi, ils peuvent suivre leurs futures victimes jusqu’à leur domicile et voler la voiture dans le stationnement résidentiel, une fois la nuit tombée. De cette manière, ils se soustraient aux vues gênantes d’individus qui, autrefois, constituaient le principal facteur de risque quand la majorité des vols se produisait autour des centres commerciaux.
Ce nouveau procédé technologique permet de rendre l’opération à son efficience optimale. La Sureté du Québec, ne pouvant commenter le dossier par risque de nuire à leurs enquêtes en cours, confirme cependant la véracité des faits.
Les cibles par excellence
Consulté à ce sujet, le Bureau d’assurance Canada (BAC) a fourni au Courrier Laval les statistiques concernant les sinistres et vols de voitures, dont celles qui sont les plus ciblées par ces méfaits. Le Honda CR-V, que ce soit le VUS, ou encore, le camion van est, de loin, en haut de la liste. Les modèles 2018, 2019 et 2020 sont les plus recherchés.
De surcroît, selon les données du BAC, entre 2010 et 2020 la fréquence des sinistres a baissé de 1%. En revanche, le montant moyen des réclamations est passé d’environ 15 000$ en 2010 pour se situer autour de 30 000$, en 2020. La raison d’une telle augmentation des coûts est fort simple. Les véhicules, maintenant volés dans leur entièreté, valent plus cher.
Jointe par téléphone, Mme Anne Morin, responsable des affaires publiques, ne peut cependant pas confirmer une corrélation entre une augmentation de vols de véhicules dans leur entièreté et une augmentation de la somme moyenne des réclamations pour ce même type d’incidents. Reste que selon plusieurs corps de police, l’augmentation est bien réelle.
Par ailleurs, selon le Service de police de Laval, cette marque, et plus précisément ces modèles, seraient ciblés pour leur forte demande et leur petite taille, ce qui les rend plus facilement transportables. Le Toyota RaV-4 serait aussi un véhicule de choix pour les voleurs.
Un long voyage
Selon les renseignements fournis par le Service de police de Laval et confirmés par la SQ, toujours, les véhicules volés seraient mis dans des conteneurs et expédiés partout dans le monde. Cependant, contrairement à ce qu’on a pu observer par le passé, la destination aurait changé. Si autrefois le Moyen-Orient et la Russie étaient les régions majoritairement desservies par ce type de réseau, il semblerait qu’aujourd’hui ce soit l’Afrique le client principal. Les voitures seraient ainsi transportées par l’entremise de compagnies d’exportation bien implantées à Montréal. À des fins de protection de leur travail, aucune organisation citée dans cet article n’a souhaité confirmer de quelle compagnie il était question.
Les corps policiers ont cependant tenu à émettre un conseil en particulier, afin que les citoyens puissent protéger leur automobile. Mettre la bonne vieille barre transversale sur le volant semble être le moyen le plus dissuasif, bien que cette méthode ne soit plus pratiquée de nos jours.