Selon un simulateur créé par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), 1 enseignante ou enseignant québécois sur 6 accuse un retard salarial d’environ 20% par rapport à leurs collègues de partout au Canada.
Cela affecte notamment les enseignantes et enseignants des échelons 8 à 13 qui comptent entre 5 et 10 ans d’expérience. À titre d’exemple, une personne touche 68 273$ par an à l’échelon 10. Selon la moyenne nationale, elle devrait plutôt empocher 83 815$, ce qui constitue un écart de 19%.
«François Legault prétend qu’il a consenti à des hausses salariales de 18 % pour le personnel enseignant lors de la dernière négociation de notre convention collective, comme s’il avait enfin pallié tout le retard salarial des profs, mentionne Mélanie Hubert, présidente de la FAE, par communiqué. Les hausses salariales différenciées n’ont touché que les personnes aux extrémités de l’échelle.»
Elle ajoute que le taux obtenu est plutôt «de 16 % pour le personnel enseignant débutant au troisième échelon et de 11,5 % pour le personnel enseignant au maximum de l’échelle, laissant pour compte toutes les personnes se situant au milieu de l’échelle qui ont reçu 6 %».
En effet, une enseignante ou un enseignant de l’échelon 3 gagnerait 53 541$ au Québec, contre 58 443$ pour la moyenne nationale. Cela constitue un écart de 8%. Après 16 ans de carrière, l’écart entre les deux données se situe à 3% : 92 027$ au Québec et 95 281$ pour le reste du pays.
Demandes
«Quand M. Legault et Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, nous demandent plus de souplesse, en fait, ce qu’ils demandent à certains de nos membres, c’est de faire le grand écart», ironise Mme Hubert qui est aussi enseignante en cinquième année du primaire.
La FAE précise également que le personnel enseignant québécois doit travailler 13 ans pour atteindre le maximum de l’échelle salariale selon la convention collective actuelle, alors que la moyenne canadienne est de 10 ans.
La Fédération demande ainsi que «l’atteinte de la moyenne canadienne et une structure salariale attractive pour toutes les enseignantes et tous les enseignants, mais aussi une augmentation de 4 % par année pour la durée de l’entente», lit-on par communiqué.
«Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, fait face à une pénurie de personnel enseignant sans précédent qui s’explique non seulement par des conditions de travail et d’exercice difficiles, mais aussi par ce grand écart salarial. Si le gouvernement souhaite vraiment s’attaquer à la pénurie et à ses conséquences très néfastes pour les élèves, jeunes et adultes, il devra comprendre que des hausses salariales adéquates font partie de la solution et que celles-ci constituent un élément de valorisation de la profession enseignante», complète Mme Hubert. (N.P.)