Journaliste affecté à la couverture quotidienne de nos Z’Amours de 1975 jusqu’au départ de l’équipe en 2004, Serge Touchette vient de publier «La fesse d’Ellis Valentine et 75 autres bonnes histoires des Expos» aux éditions Guy Saint-Jean.
Les amateurs de baseball qui avaient l’habitude de le lire dans les pages du Journal de Montréal seront heureux de redécouvrir sa plume alerte, vivante et combien colorée travers cet ouvrage soulignant le 50e anniversaire de l’avènement du baseball majeur à Montréal.
Ils ne seront pas trop dépaysés non plus avec la formule que l’auteur lavallois a choisie pour raconter les plus grands comme les petits moments dont il a été un témoin privilégié.
«Dans le temps, sur la route, je publiais à l’occasion ce que j’appelais la carte postale, rappelle-t-il en parlant de cette chronique qui traitait des à-côtés. Quand je revenais à Montréal, le monde me parlait plus de ça que de la game.»
Comme le suggère le titre, son livre en est fortement inspiré: «J’en viens toujours à ça. Les anecdotes, les gens aiment ça.»
À cet égard, ce grand amoureux des Expos se paie la traite. «Quand tu travailles tous les jours et que tu couvres une équipe professionnelle, ça va vite en tabarouette; tu peux pas toujours écrire comme tu veux», souligne-t-il en faisant valoir qu’avec le recul, il a eu tout le loisir de bonifier les histoires revisitées de détails rendant l’anecdote encore plus savoureuse.
En un temps record
Serge Touchette, qui aura 67 ans le 1er août, n’avait jamais songé à pondre un livre jusqu’à ce qu’il reçoive l’appel de l’éditeur Jean Paré un peu avant les Fêtes, l’an dernier.
Pris par surprise, il n’est «pas sûr» au départ d’être «prêt à écrire ça», conscient de l’ampleur de la commande.
«Je me suis trempé le gros orteil et cinq minutes après, je plongeais tête première», se remémore-t-il. Rapidement, les souvenirs remontent à la surface. «J’ai encore une bonne mémoire, c’est rassurant», dit sur un ton amusé celui qui n’a jamais eu à composer avec le syndrome de la page blanche.
Trois mois lui suffisent pour mener à terme ce projet d’écriture.
«Je voulais informer et divertir les gens avec des histoires amusantes, les amener là où ils n’avaient pas vraiment la chance d’aller» – Serge Touchette
Livrés à la manière d’une chronique, les courts chapitres aux histoires bien ramassées se bousculent et font des bonds dans un passé dont la ligne du temps n’a rien de linéaire. Un peu comme les souvenirs nous reviennent, on passe d’une époque à l’autre, des années fastes de 1979, 1981 et 1994 aux saisons moins glorieuses, telles 1976 et 2004, en passant bien sûr par la frénésie des premières années de la concession.
«Un travail de moine, convient-il, mais agréable.» Et ça se ressent tant dans la précision et la rigueur des faits que dans la façon colorée dont le tout est relaté. Avec en prime mille et une citations extraites de conversations avec les acteurs de l’époque, lesquelles viennent donner du relief au récit.
Cet ouvrage de 300 pages n’abuse pas des documents d’archives, mais ce qui étonne c’est que les trois seules coupures de presse qu’on y publie soient tirées du quotidien La Presse.
Il ne faut pas y voir un pied de nez à son ancien employeur, assure l’ex-lockouté du Journal de Montréal dont le conflit de travail qui a éclaté en janvier 2009 aura précipité la fin d’un lien d’emploi de près de 40 ans. «Ce n’est pas mon choix, se défend-il. Tout ce que je contrôlais, c’est le texte.»
C’est aussi la maison d’édition qui a choisi de jeter son dévolu sur Bernard Brault, le très primé photographe à l’emploi de La Presse depuis 35 ans, pour illustrer abondamment le livre de ses photos jusque-là inédites.
À lire également: «Mon premier amour dans le sport, c’était le baseball. Ça n’a jamais changé» – Serge Touchette