Une vague de signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a déferlé dans la région depuis l’été 2018, forçant l’ouverture d’une liste d’attente forte de 150 noms.
«On fait face à une augmentation significative des signalements, décrit la directrice de la protection de la jeunesse de Laval, Sonia Mailloux. L’été dernier, on avait zéro liste d’attente. Aujourd’hui, on est à plus de 150 situations d’enfants en attente de service.»
Celle-ci précise par ailleurs que toute situation urgente est traitée dans l’immédiat.
«Ce qu’on appelle des enfants en attente de services, ce sont des situations non-prioritaires, ajoute-t-elle. Toutefois, on relance régulièrement. On rappelle pour s’assurer de l’état de la situation.»
À l’échelle du Québec
Selon la directrice, la hausse touche l’ensemble de la province, ce que semblent indiquer les chiffres de 2017-2018 dans le dernier bilan disponible.
À Laval, 3243 signalements ont été traités, une augmentation de 9,5 % par rapport à l’exercice précédent. Sur le plan provincial, le nombre a atteint 96 014, traités par l’ensemble des DPJ, soit 5,3 % de plus qu’en 2016-2017.
Le bilan pour l’année 2018-2019 sera dévoilé à l’automne.
Fillette martyre
Rappelons qu’une onde de choc a traversé le Québec à la mort d’une fillette de l’Estrie par la maltraitance de ses gardiens.
«Tous, on a été ébranlés par la situation de Granby, dont moi, personnellement, soutient Mme Mailloux. Personne ne souhaite de voir un enfant décéder de mauvais traitements. C’est notre mission première de protéger les enfants et d’éviter qu’ils soient violentés. Protéger un enfant, c’est l’affaire de tous.»
«Il y a beaucoup d’enfants, de petits Lavallois qu’on a réussi à protéger de la maltraitance. Ça n’enlève pas que, quand il arrive un événement malheureux, c’est un de trop.»
– Sonia Mailloux, directrice de la protection de la jeunesse de Laval
De nombreux citoyens ont vu dans ce décès une faille dans les services fournis par les DPJ du Québec.
«Il y a eu une série de commentaires dans les médias ou les réseaux sociaux, raconte Mme Mailloux. On ne va pas se le cacher, on fait face à ça.»
Plus de ressources
À la suite de la tragédie, tous les employés qui traitent les demandes, évaluent les situations et appliquent les mesures ont été rencontrés pour leur offrir des mots rassurants.
«On réitérait notre confiance en leur travail, leur personne, dire qu’on allait les soutenir et que ces moments-là, on allait les traverser ensemble», de compléter celle qui est également directrice provinciale en fonction de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
Pour éviter la répétition d’un tel événement et dans un effort pour éliminer la liste d’attente, la DPJ a ouvert 18 postes en protection de la jeunesse et 20 en application des mesures.
«Je suis cette situation de très près, à tous les jours […] pour voir l’état de la situation et quelles actions seront prises pour diminuer cette liste, mentionne Mme Mailloux. C’est en train de se faire.»
Commission parlementaire
Une Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse s’échelonnera jusqu’en fin 2020. La DPJ de Laval entend collaborer entièrement.
«Quand arrivent des événements comme ça, il faut qu’on saisisse ces moments-là pour pouvoir réfléchir à ce qu’on peut améliorer, conclut Mme Mailloux. Il faut qu’on ait cette conscience-là de pouvoir se requestionner sur les meilleures pratiques et en même temps, ça va peut-être nous permettre de mettre en place de nouvelles choses.»