Neptune Santé et Bien-Être a réussi son pari.
Quand cette entreprise lavalloise a fait le choix de délaisser le marché de l’huile de krill pour celui du cannabis, il y a deux ans et demi, elle a rapidement engagé le processus qui allait lui permettre de convertir son usine de Sherbrooke.
Sans même attendre l’obtention de la licence fédérale l’autorisant à transformer le cannabis aux fins commerciales, Neptune investit 10 M$ dans ses installations.
Si bien qu’au moment d’obtenir le feu vert de Santé Canada au début janvier, la biotech lavalloise était fin prête à entrer en production.
«Cela fait 18 ans qu’on fait de l’extraction, indique le président de Neptune Cannabis Business, Michel Timperio. Ça fait partie de notre ADN.»
Incidemment, l’usine certifiée BPF (bonnes pratiques de fabrication) était reconnue de classe mondiale en matière d’extraction d’huile de krill, ces petites crevettes des eaux froides de l’Antarctique riches en acides gras oméga-3.
Marché lucratif
«Les huiles sont en grande demande», poursuit le dirigeant de la division Cannabis chez Neptune en évoquant, entre autres, l’industrie agroalimentaire et tous ces aliments transformés dont les chocolats et desserts susceptibles d’être infusés à l’huile de cannabis et de chanvre.
Au Colorado, par exemple, où la vente de la mari est réglementée depuis cinq ans, l’huile de cannabis représenterait 50 % du marché.
C’est énorme considérant la croissance exponentielle que présente cette nouvelle industrie depuis la légalisation du cannabis au pays. À preuve, cette étude publiée en 2017 par la firme de courtage CANACCORD Genuity selon laquelle les ventes au détail s’élèveraient, tous usages confondus, à près de 8 G$ au Canada seulement. À travers le monde, on parle d’un marché annuel de 80 milliards de dollars.
Capacité de traitement
Aujourd’hui spécialisée dans l’extraction de l’huile de cannabis, Neptune devient la 87e entreprise canadienne autorisée à transformer le cannabis, dont seulement la 2e au Québec. L’Ontario domine ce marché de la transformation avec 47 licences, suivie par la Colombie-Britannique qui en totalise 21.
Pour l’heure, l’usine sherbrookoise dispose d’une capacité de traitement de 30 000 kg de cannabis séché par année, laquelle passera à 200 000 kg d’ici le mois de mars, mentionne son président.
3e phase à venir
Mais ça ne s’arrête pas là.
Le plan d’affaires prévoit une troisième phase d’investissement qui pourrait démarrer aussi vite qu’à la fin de l’année en cours. «Tout va dépendre de la vitesse à laquelle l’industrie du chanvre va se développer», fait valoir M. Timperio en parlant de ce «cousin du cannabis, avec effet psychoactif en moins.»
Cette prochaine étape permettrait de grimper annuellement le volume de traitement à plus de 6 millions de kilos d’intrants avec l’ajout d’équipements qui se destineraient davantage à l’extraction du cannabidiol, précise-t-il. «Cette mollécule, qui va se retrouver dans plusieurs produits de la chaîne alimentaire, contribue à réduire l’anxiété et l’insomnie et favorise la relaxation».
Intégration verticale
Neptune ne se limite pas à convertir la matière première.
À l’extraction, purification et formulation de différents produits à valeur ajoutée se greffent l’encapsulation et l’étiquetage.
À cet égard, l’entreprise entreprenait en décembre la construction d’une nouvelle chaîne de production, nécessitant un investissement de 2,5 M$ en transfert de titres de propriété intellectuelle, savoir-faire, infrastructures et équipements de fabrication.
Ce chantier découle de l’entente conclue avec Lonza, lui donnant accès aux capsules à enveloppe dure pour liquide exclusives à ce chef de file mondial des sciences de la vie.
Avec une capacité initiale pouvant atteindre 200 millions de capsules par année, la biotech dont le siège social est implanté au cœur du Centropolis s’établit comme un fabricant à grande échelle de capsules LicapsMD dans le secteur canadien du cannabis et du chanvre.
Cette technologie permet non seulement «d’offrir des produits distinctifs grâce à ses diverses options de systèmes de libération, de couleurs et de marquage», note Neptune, mais est également «efficace pour les lots successifs aux formulations variables».
Le début de la commercialisation entraînera la création d’une dizaine de nouveaux emplois, ce qui portera à quelque 30 employés les effectifs à l’usine de Sherbrooke.