«Notre objectif est de permettre une rencontre autour d’un film exprimant des problématiques, afin d’en discuter et trouver ensemble des solutions», a lancé d’entrée Richard Turmel, le professeur de cinéma au Collège Montmorency qui animait la soirée du 14 avril, s’associant pour une première fois avec le groupe de pression Oléoduc Laval en amont (OLEA).
Film coup de poing
Les 90 minutes de projection s’ouvrent sur une ombre chinoise de l’ancien ministre péquiste de l’environnement, Daniel Breton, grand militant écologiste songeur devant le réel pouvoir de la politique active.
Par la suite, l’auditoire suivra aussi André Bélisle, cofondateur de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (lobbyisme environnemental), Mikaël Rioux, un écologiste privilégiant l’action directe et Alyssa Symons-Bélanger, une artiste d’intervention sociale.
«Olivier D. Asselin a tourné 130 heures de matériel que nous avons raffiné selon sa vision: toute action a son importance, il n’existe pas de hiérarchie, de mentionner le producteur du film pour l’Office Nationale du Film du Canada, Denis McCready. C’est du vrai cinéma direct dans sa plus pure expression.»
Moments forts
Le film s’articule autour de la protestation contre le passage du projet de pipeline Énergie Est de TransCanada, ainsi que le projet d’inversion de la ligne 9B d’Enbridge qui acheminerait le pétrole bitumineux de l’Alberta à la raffinerie Suncor, à Montréal.
Manifestations, marche de 700 kilomètres entre Cacouna et Kanesatake, consultation de l’Office national de l’Énergie du Canada, rappel des refus des provinces de l’Ouest et du gouvernement Obama contre l’oléoduc de TransCanada, tous les principaux visages politiques et militants du dossier passent sous l’œil de la caméra.
Mikaël Rioux cite Zacharie Richard en visite aux Îles de la Madeleine, peu après la catastrophe de Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique: «À la première plateforme dans le golfe Saint-Laurent, il sera trop tard!»
Le documentaire culmine en octobre 2014, quand Alyssa Symons-Bélanger s’enchaîne à l’entrée de la raffinerie Suncor pour en bloquer l’accès, aidée de trois consoeurs. Même l’Infoman Jean-René Dufort s’en mêle. «T’as marché 700 kms, personne n’était intéressé, et là, tous les médias sont là!» lui lance-t-il.
Surtout, la députée de Québec Solidaire et ancienne coordonnatrice du Centre des femmes de Laval, Manon Massé, fera cette saisissante confidence en train.
«Quand je vois ces quatre jeunes femmes assumer l’avenir de la planète dans leur corps, plus les poursuites possibles, je ne suis plus sûre d’avoir fait le bon choix», de déclarer la représentante de Sainte-Marie-Saint-Jacques au Parlement provincial.
«On se réjouit de voir autant de jeunes personnes ici pour être à l’écoute et prendre la relève, ont déclaré Luc Falardeau et Martin Archambault, d’Oléoduc Laval en amont, après la projection. Si les films de boxe donnent le goût de boxer, on espère qu’un tel film donnera le goût de militer!»
Le film Pipelines, pouvoir et démocratie est actuellement en tournée au Québec. Une centaine de séances sont prévues, notamment le 20 avril, à Rosemère, et le 17 juin, à Prévost.