En juillet, le conseil municipal a approuvé l’acquisition au coût de 350 000 $, avant taxes, de quelque 3806 pieds carrés de terrain à l’angle de l’avenue Léo-Lacombe et la rue François-Souillard, à deux pas de la station intermodale de la Concorde.
Une transaction qui se chiffre à plus de deux fois la valeur foncière de l’immeuble, laquelle est fixée à 160 000 $ au présent rôle d’évaluation.
Plus d’affaire là
Avec le redéploiement de ce vieux secteur industriel où la trame résidentielle est à reprendre ses droits, l’entreprise A.S. Filiatreault savait ses jours comptés.
«On n’avait plus vraiment d’affaire-là», souligne le propriétaire Yves Filiatreault, dont le terrain se retrouvait au cœur d’un colossal développement domiciliaire qui, à terme, totalisera 1400 condos.
Les pourparlers ont été menés rondement, reconnaît celui qui dit avoir approché l’administration municipale au printemps pour lui réitérer sa volonté de vendre.
On se rappellera qu’au moment de son adoption, il y a une dizaine d’années, le Programme particulier d’urbanisme (PPU) du secteur ne prévoyait aucune mesure d’acquisition de gré à gré et encore moins par voie d’expropriation, et ce, au grand dam de M. Filiatreault.
Le maire d’alors, Gilles Vaillancourt, avait décidé de laisser agir les forces du marché et le temps faire son œuvre.
Déjà en 2007, Yves Filiatreault anticipait la pression du voisinage alors appelé à changer. «Dans 10 ans, on ne sera plus là», estimait-il avec justesse, en faisant allusion aux projets d’habitation qui verraient éventuellement le jour sur l’immense terrain des cours à bois qui voisinait avec son établissement.
La très faible superficie du lot de terre occupé par A.S. Filiatreault au 803, Léo-Lacombe réduisait grandement son pouvoir de négociation, d’autant que son nouveau voisin immédiat, un promoteur immobilier, est à développer trois quarts de million de pieds carrés sur le site des anciennes cours à bois acquises ces dernières années.
Soulagement
«Ç’a fait l’affaire à tout le monde, soutient l’homme d’affaires visiblement soulagé par la tournure des événements. Ça devenait difficile de restructurer l’entreprise sachant qu’on devait partir.»
Bien que la transaction n’inclut qu’une infime partie du lot lui appartenant de l’autre côté de la rue François-Souillard, tout laisse croire que le propriétaire y évacuerait la flotte d’une vingtaine de camions et les équipements actuellement entreposés à ciel ouvert.
Une transformation qui donnera encore plus de valeur au projet d’habitation District Concorde que le Groupe Trigone, en partenariat avec le Fonds immobilier de solidarité FTQ, déclinera en une quinzaine de phases.
Yves Filiatreault quittera les lieux le 30 septembre au plus tard pour relocaliser son entreprise quelque part sur la Rive-Nord.
Entente
L’hiver dernier, la Ville avait autorisé un budget de 2,5 M$ pour défrayer les coûts d’acquisition de 11 lots totalisant 60 000 pieds carrés enclavés entre la voie ferrée et l’avenue Léo-Lacombe dans le tronçon reliant la rue François-Souillard à la station de métro de la Concorde.
Si le terrain correspondant au 803, Léo-Lacombe ne figurait pas dans ces terrains industriels alors réquisitionnés, c’est que cette mise en réserve visait «la phase 1 des travaux à effectuer en 2017», explique la porte-parole de la Ville, Valérie Sauvé.
Ciblé dans une seconde phase, le terrain de M. Filiatreault n’a pas fait l’objet d’une réserve en raison d’une entente conclue de gré à gré avec le propriétaire, précise-t-elle.
«Le règlement L-11907 du 9 novembre 2011 nous autorisait à effectuer les démarches pour les lots 1 403 998 et 1 403 999.»
Le premier lot a été acquis en totalité, alors que la Ville a racheté à peine 200 pieds carrés du second, lesquels étaient «requis pour un rayon de courbure de rue».
Soulignons en terminant que le Programme triennal d’immobilisations 2016-2018 prévoit un montant de 15 M$ pour la revitalisation des secteurs voisinant avec les stations de métro de la Concorde et Cartier.