«Pour que la situation s’améliore, va falloir plus qu’une seule mesure, mais il faut commencer quelque part, d’affirmer Pierre Brochet. Ce n’est pas un contexte facile pour le Centre jeunesse, à devoir doser la liberté totale de circulation et le barrage des portes.»
L’annonce de la ministre suivait de nombreuses sorties publiques effectuées par des parents d’adolescentes ayant fugué du Centre jeunesse de Laval. Depuis la semaine dernière, cinq disparitions reliées à des cas d’exploitation sexuelle ont été diffusées dans les médias et réseaux sociaux.
Consultations en marche
Lundi, une rencontre a eu lieu entre le SPL, les responsables du Centre jeunesse de Laval au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) ainsi que d’autres intervenants dans le dossier.
«Ces fugues répétées, qui comportent un risque élevé de traite de la personne, sont une importante préoccupation pour la Police de Laval, insiste-t-il. Il faut aussi dire aux Lavallois que la réalité du Centre jeunesse est régionale. C’est un phénomène d’ampleur métropolitaine. Maintenant, nous devons dresser un état de la situation et collaborer pour trouver des solutions.»
Prévention et répression
Le chef de la Police de Laval croit à deux approches pour tenter d’endiguer au mieux le phénomène des filles fuguant à répétition pour satisfaire les intérêts financiers d’un souteneur.
D’abord, il a rappelé l’existence du programme Les Survivantes sous la responsabilité de deux agentes du SPL. Quand la jeune fille est prête, d’anciennes victimes de la traite des personnes peuvent l’aider à comprendre dans quel cycle elle est rendue sur le plan de l’exploitation sexuelle.
«Sinon, il y a nécessairement le volet enquête et arrestation des proxénètes, de continuer M. Brochet. Le nouveau projet de loi fédérale semble très intéressant dans son traitement de la preuve, car après avoir convaincu la victime de porter plainte et témoigner, il est parfois difficile pour elle de rester tout au long du processus sans abandonner en cours de route.»
Plan ministériel
Le 10 février, la ministre Charlebois a confirmé l’identité du vérificateur indépendant, André Lebon, qui aura comme mandat de s’assurer que toutes les règles et les procédures d’encadrement sont respectées et appliquées, non sans établir un diagnostic et y aller de recommandations concrètes. M. Lebon est consultant depuis 1986 dans le domaine de la santé et des services sociaux. Il a réalisé plus d’une cinquantaine de mandats dans le milieu.
D’autre part, une grande rencontre de cadres et intervenants pouvant mener à une révision de la Loi sur la protection de la jeunesse et son cadre réglementaire sera mise sur pied et un plan d’intervention global regroupant plusieurs ministères sera aussi élaboré. Ce plan abordera autant les questions de prévention et d’accompagnement des victimes et de leur famille que la mise en commun des forces policières.