Étudiant inscrit au Collège Montmorency en Sciences humaines, Simon Ross a été surpris de la vitesse à laquelle le Tribunal a traité la requête en injonction que son groupe a déposée en Cour supérieure.
Trente-six heures après une brève rencontre avec le juge en chef François Rolland, le Tribunal prononçait une ordonnance d’injonction interlocutoire provisoire, sommant la direction du Collège à reprendre la session d’hiver auprès des 24 étudiants requérants.
Tombé le vendredi 4 mai, le jugement décrète leur retour en classe demain, mardi 8 mai.
«Avoir su que c’était si facile, on aurait agi le premier jour de grève», déclare Simon Ross. Vicky Rodgers, Kim Foisy, Stéphanie Quenneville et Martin Boulay, qui l’accompagnaient, abondaient tous dans le même sens.
Élément déclencheur
Le vote du 1er mai pour une grève générale illimitée, et ce, jusqu’à ce qu’une entente intervienne entre le gouvernement et les associations étudiantes, dont la CLASSE, la plus radicale, a été la goutte qui a fait déborder la coupe.
«On s’est dit: il faut vraiment faire quelque chose. On est des étudiants sérieux, on veut étudier, on veut se rendre à nos cours», explique Vicky Rodgers, la porte-étendard des «verts».
Craignant de perdre leur session, une quinzaine d’étudiants s’est aussitôt attelée à la tâche. Puis quelques autres ont joint les rangs le lendemain, avant que le groupe n’entame les démarches judiciaires auprès de l’Aide juridique, puis du palais de justice de Montréal.
L’improvisation du mouvement et la peur de subir des menaces et de l’intimidation expliqueraient la faiblesse du nombre de requérants, évoquent-ils.
En assemblée générale, le jour même, ils étaient pourtant 414 à se prononcer contre la reconduction de la grève.
Reste qu’à l’annonce de l’obtention de l’injonction, le bureau lavallois de l’Aide juridique s’est trouvé inondé d’appels d’étudiants voulant retourner en classe.
Rien contre les grévistes
«Personnellement, je n’ai rien contre les grévistes, lance Kim Foisy, sauf que je veux retourner à l’école. Je ne vais pas gâcher mon avenir pour une augmentation [des droits de scolarité].»
«On n’est pas là pour faire un débat sur la hausse des droits de scolarité; on s’en fout», renchérit Stéphanie Quenneville.
De leur avis, les étudiants pour la grève sont «minoritaires» à Montmorency, mais tellement «mobilisés» qu’ils en arrivent à imposer leur loi.
Finissante au Collège et acceptée en comptabilité à l’université Concordia, Vicky Rodgers estime que le présent conflit lui coûtera 2600 $ en salaire perdu, cet été.
«C’est l’équivalent des coûts de ma première session, achat de livres compris.»
Demain matin, mardi 8 mai, ils seront 24 étudiants à prendre le chemin des classes afin de poursuivre leur session d’hiver.