«Je ne désire pas émettre de commentaires», a dit d’entrée de jeu le président de Transport adapté de Laval inc., Éric Chartrand, en s’asseyant devant la Commission des transports du Québec, lors de la consultation publique du 8 novembre portant sur une demande de hausse des permis de taxis, à Laval.
«Ce qui m’importe, c’est d’avoir assez de véhicules accessibles pour répondre à la demande», s’est-il borné à dire, avant de souligner sa satisfaction «de voir autant de monde» à l’assemblée.
Une assemblée où les chauffeurs propriétaires de COOP Taxi Laval s’étaient faits particulièrement bruyants en levée de rideau, lors de la présentation de Caroline Lavoie, porte-parole de Taxi Tera, qui est à l’origine de la présente requête contre laquelle les membres de la coopérative s’objectent vigoureusement.
Mémoire éloquent
Treize jours plus tôt, Éric Chatrand déposait pourtant un mémoire à la Commission des transports du Québec, où il prend carrément position en faveur d’une hausse des permis de taxi à Laval.
«Malheureusement, nos constats journaliers nous démontrent sans équivoque que le nombre maximal de permis de taxi actuellement en vigueur sur le territoire lavallois ne réussit pas à combler les besoins des usagers du transport adapté nécessitant un tel service. En effet, nous constatons tous les jours les désagréments, les déceptions, voire même les frustrations de certains usagers, lorsque ces derniers sont informés à la dernière minute qu’aucun véhicule taxi ne sera disponible à la date et à l’heure initialement convenues», peut-on lire dans son mémoire daté du 26 octobre 2011.
Cette situation qu’il déplore l’a d’ailleurs incité à déposer auprès de la Commission des transports une demande afin que soient délivrés de nouveaux permis de taxi adapté aux besoins particuliers de cette clientèle.
À cet égard, le procureur de COOP Taxi Laval, Me Claude Coursol, s’est exprimé clairement devant les commissaires, le 8 novembre. «La coopérative est contre la demande des 10 permis restreints que réclame Transport adapté de Laval. La prestation des services pour le transport accessible est suffisante et satisfaisante.»
L’entreprise que préside Éric Chartrand est notamment chargée de coordonner, chaque semaine, quelque 6700 déplacements d’usagers inscrits au transport adapté de la Société de transport de Laval.
Toujours dans son mémoire disponible en ligne, M. Chartrand y précise que ces déplacements sont effectués tant par les minibus qu’exploite son entreprise que par des véhicules taxis de la région.
Enfin, il note que les 213 permis présentement en vigueur à Laval n’ont pas bougé depuis 1973. «De toute évidence, ce nombre de permis ne correspond plus à la réalité de la population lavalloise.»
Beaucoup moins tranchant
En entrevue au Courrier Laval le 11 novembre, Éric Chartrand tenait un discours beaucoup plus nuancé.
«Il y a toujours place à l’amélioration; on ne vit pas dans un monde idéal», se contente-t-il de répondre lorsqu’on lui demande si la clientèle du transport adapté est actuellement bien desservi à Laval.
Pour expliquer son silence devant les commissaires trois plus tôt, le président de Transport adapté de Laval inc. soutient qu’il n’a jamais eu l’intention d’y prendre la parole.
Surpris de voir son nom apparaître sur la liste des intervenants, il rappelle avoir offert à la commission de répondre à leurs questions. «Comme il n’y en avait pas, ça c’est terminé-là», dit-il.
En évoquant Taxi Tera, la partie demanderesse, et COOP Taxi Laval, la partie défenderesse, M. Chartrand jugeait alors que «les deux parties ont eu le temps de bien expliquer le point de vue; je ne voyais pas ce que je pouvais dire qui n’avait pas été dit».
Pourtant, quelques instants plus tard, il trouvait regrettable que le transport adapté n’ait pas été abordé à la commission autant qu’il l’aurait souhaité.
S’est-il senti intimidé par une salle manifestement hostile à une éventuelle hausse de permis, Éric Chartrand, après avoir éludé la question par deux fois, finit par lâcher:«Non, je n’ai pas été intimidé personnellement. Ni à l’entrée, ni sur place, ni à la sorti; pas du tout!»
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