Au moment de la visite du Courrier Laval, le 14 avril, la clôture du parc était affaissée, près de la zone marécageuse, au nord-est de l’île Paton, à Chomedey. Des débris de construction débordaient au pied des érables. Une fois de plus, c’est un citoyen, qui a levé le drapeau rouge, en téléphonant au journal.
Tout est conforme…
Rejoint sur son cellulaire, le propriétaire du complexe résidentiel, Richard Gianchetti, a assuré qu’il avait toutes les autorisations pour effectuer du remblayage à cet endroit.
Le complexe comprendra, à terme, trois tours d’habitation totalisant 636 logements pour retraités et préretraités. Le projet intégrera un centre récréatif, actuellement en construction.
Deux avis
La présence de débris et l’empiètement dans le marécage du parc sont contraires à la Loi sur la qualité de l’environnement, confirme le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). Cela a valu au propriétaire un avis d’infraction, délivré au début d’avril.
Il s’agissait en fait d’un deuxième avis d’infraction, pour le promoteur. Une plainte logée au MDDEP par un citoyen, en octobre 2009, a amené le Ministère à constater un remblayage plus important que prévu.
Le certificat d’autorisation, délivré en janvier 2004, «prévoyait qu’une section du marécage soit remblayée», indique Hélène Proteau, directrice régionale du Centre de contrôle environnemental du Québec.
Les fondations de la troisième tour du complexe résidentiel, présentement en construction, avancent dans le milieu humide. La chose était cependant prévue, précise Mme Proteau.
Toutefois, le lien hydrique entre la rivière des Prairies et le complexe est obstrué, alors qu’il devait être conservé. Un premier avis d’infraction a donc été délivré en décembre 2009.
Retirer les remblais
«On a demandé à M. Gianchetti qu’il retire les remblais. Le propriétaire s’est engagé à les enlever au printemps», explique la directrice. Malgré de nombreuses visites du Ministère sur les lieux, en février et en avril 2010, les remblais sont toujours en place. Mme Proteau note que le propriétaire avait commencé l’enlèvement des débris dans le marécage, le 20 avril.
Compensation
Le coup d’œil d’ensemble fourni par un cliché aérien du chantier suggère que le marécage est amputé environ du tiers de sa superficie. Le Ministère a avalisé le projet, en échange de mesures compensatoires.
Le promoteur procédera à de la plantation de végétation indigène en rive et à l’aménagement d’un ruisseau, entre la rivière et le bâtiment.
Pour le directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Guy Garand, une telle autorisation n’aurait jamais dû être donnée. Il s’agit non seulement d’un empiètement dans un milieu humide, mais également d’une infraction à la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables, avance-t-il. «Pourquoi ne pas avoir construit dans l’espace de stationnement, en épargnant le marécage? demande-t-il. C’est l’année de la biodiversité. Là, c’est une atteinte à un écosystème fragile. La biodiversité est aussi importante que les changements climatiques.» **********
Source: CRE de Laval