Devant l’ampleur du séisme qui a touché Haïti, le 12 janvier dernier, la ministre, Yolande James, a mis en place des mesures spéciales, le 17 février dernier, pour venir en aide aux victimes de la catastrophe. Le concept de la famille a été élargi. Les Haïtiens, résidents permanents ou Canadiens peuvent ainsi parrainer leurs frères, sœurs, conjoints et enfants.
Le parrain potentiel peut également recourir à un co-garant pour le soutenir financièrement. Les signataires sont alors responsables pour la durée de l’engagement, soit cinq ans. «Les barèmes financiers sont ceux qui existent dans le cas de parrainage régulier de regroupement familial», explique Claude Fradette, directeur des affaires publiques et des communications du MICC.
Sur le terrain
D’après Marjorie Villefranche, directrice des programmes de la Maison d’Haïti et Gerry Nérée, agent de liaison au CIL, «les critères sont trop élevés pour que les gens puissent envoyer des demandes de parrainage». «Les garanties financières sont très lourdes, les mesures seraient meilleures si les règles étaient assouplies», dit Mme Villefranche.
Au total, 3000 personnes pourraient être acceptées par Québec, d’ici le 31 décembre 2010, date à laquelle prend fin le programme spéciale. «Si on n’atteint pas ce chiffre, la ministre Yolande James dira-t-elle que les gens n’en n’avaient pas besoin?», poursuit, inquiète, la directrice des programmes de la Maison d’Haïti.
Un soutien technique
Dans le cadre de ce programme spécial de parrainage humanitaire pour Haïti, le CIL bénéficiera de 40 000 $ pour aider les personnes dans leur démarche.
Cette subvention a permis d’engager Gerry Nérée, le 8 mars 2010, comme agent de liaison. «Je suis un pivot entre la communauté haïtienne et les différents paliers administratifs», dit-il. «Les gens entendent beaucoup de choses, ici et à Haïti, c’est pour eux difficile de démêler tout ça», poursuit-il.
Haïtien et Lavallois d’origine, Gerry Nérée travaille depuis cinq ans pour sa communauté. «Il y a 12 000 citoyens d’origine haïtienne à Laval (recensement 2006). Environ 350 personnes sont déjà venues me voir, mais toutes voulaient faire une demande de parrainage, seulement un tiers d’entre elles ont poursuivi leur démarche, aux vues des capacités financières exigées», explique-t-il.
D’après Marjorie Villefranche, la communauté haïtienne est «un peu découragée devant ces exigences». La Maison d’Haïti a reçu 920 personnes au mois de mars pour ce programme.
Critères financiers
Pour être éligible, une personne seule doit avoir comme revenu annuel minimum 25 584$. Auquel il faut ajouter 15 057$ si elle veut faire venir un adulte. Elle doit donc gagner 35 641$ par an. «C’est plus que le revenu moyen québécois qui est de 33 866 $», indique Marjorie Villefranche. Elle rejoint, néanmoins, le point de vue du directeur du CIL, Denis Arvanitakis, qui dit «qu’il y a quand même une ouverture au Québec pour aider les Haïtiens.»
Selon Statistique Canada (recensement 2006), le revenu moyen dans la communauté haïtienne au Québec est de 23 044 $ par personne. Gerry Nérée affirme que la majorité des parrains potentiels qu’il a rencontrés ont besoin d’un co-garant. «C’est très difficile de demander à quelqu’un de s’engager sur cinq ans. Finalement, moins de dix personnes ont envoyé une demande», dit-il.
Au 1er avril, le MICC avait reçu 629 demandes pour parrainer 1384 personnes. «Depuis deux semaines, les demandes sont plus réalistes, avant il manquait souvent des documents», indique Claude Fradette.
Au total, 53 engagements pour autant de personnes parrainées ont été signés et transmis au gouvernement fédéral. M. Fradette pense qu’«à ce rythme là, les 3000 parrainages seront atteints.» Un bilan sera effectué au mois de septembre prochain par le MICC.
Contacts
Ces cinq organismes mandatés sont la Maison d’Haïti, le Centre d’action bénévole de Montréal-Nord et le Service d’aide et de liaison La Maisonnée à Montréal ainsi que le Carrefour Le Moutier à Longueuil et le CIL.
L’agent de liaison du CIL, Gerry Nérée, est joignable du lundi au mercredi, de 9h à 17h, dans le quartier de Chomedey (1536, Boul. Curé Labelle. 450 686-0554), les jeudis, de 13h à 21h, dans le quartier de Saint-Francois (1245 Montée du Moulin. 450 665-4634), ainsi que les vendredis, de 13h à 21h, dans le quartier de Repentigny (50 Rue Thouin. 450 581-5402).