Mis à jour le 21 octobre 2025 à 11h51
La Société nationale du Québec (SNQ) à Laval a fait de la protection et de la valorisation de la langue française un enjeu de la présente campagne électorale municipale.
«C’est ma quatrième élection et c’est la première fois à Laval qu‘on prend le temps de parler de la langue dans le cadre d’une élection municipale», a fait remarquer d’entrée de jeu le chef du Mouvement lavallois, Stéphane Boyer. Le maire sortant félicitait du coup la SNQ de Laval pour l’organisation du débat auquel il prenait part avec le chef de Parti Laval et candidat à la mairie, Claude Larochelle, le 17 septembre dernier.
Animée par Alexandre Dumas, la discussion a porté sur l’ensemble des recommandations formulées par le comité consultatif ad hoc sur la langue française dans son rapport déposé cet été. C’est d’ailleurs à la suite d’une initiative lancée par Claude Larochelle en 2022 si Laval s’est dotée d’un tel comité.
«J’ai senti une volonté sincère d’agir pour le mieux de façons à ce que le français rayonne à Laval», s’est réjoui le président régional de la Société nationale du Québec, Michel Leduc, à l’issue des échanges tenus devant une cinquantaine de citoyens réunis au pavillon d’accueil du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles. M. Leduc avait déjà exprimé son inquiétude face à l’anglicisation de la 3e ville en importance au Québec et 2e terre d’accueil en termes d’immigration, derrière Montréal.
À cet égard, selon le dernier recensement, le poids démographique des Lavallois dont le français est la première langue officielle parlée à la maison a diminué de 3 points, passant de 71,9 à 68,9 % entre 2016 et 2021.

Absence dénoncée
Michel Leduc a fortement réagi à l’absence d’Action Laval et de son candidat à la mairie, Frédérick Mayer. «J’aurais aimé que le 3e parti soit là; à chacun de tirer ses conclusions», a-t-il lancé à la fin du débat.
Au Courrier Laval, l’ex-député péquiste dans le second gouvernement de René Lévesque (1981-1985) a livré le fond de sa pensée. «Le rôle d’un parti politique, c’est de prendre position dans le débat public. Est-ce que le français est important ou pas ? Ils ne veulent pas participer au débat. C’est ridicule, c’est choquant.»
«Ils ont tourné le dos à un organisme qui fait tout pour que le français rayonne dans le respect des autres langues. J’ai enseigné l’anglais; je respecte les communautés anglophones de Laval et du Québec; elles ont leur place. Mais pourquoi tourner le dos à ce qui est la langue officielle du Québec ? C’est la question que je leur adresse», a enchaîné celui qui juge «fondamental» le rôle des Villes tant dans l’accueil des personnes immigrantes et que dans la promotion de la langue française et de l’identité québécoise auprès des nouveaux arrivants.
Rappelons qu’en 2021, Action Laval avait également ignoré l’appel de la SNQ-Laval qui s’était invitée dans la campagne électorale pour aborder les questions d’intégration, de francisation et de valorisation de la langue et de la culture.
Explication
Appelé à s’expliquer, Action Laval a indiqué dans un courriel que le parti avait «choisi de participer uniquement à deux débats durant cette campagne», à savoir le récent panel tenu sur la mobilité et la tribune individuelle que la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL) offrira aux candidats à la mairie.
«Nous préférons en effet concentrer nos efforts sur les rencontres directes avec les citoyens et les actions de terrain», précise le parti dirigé par Achille Cifelli, tout en affirmant avoir «profondément à coeur la valorisation de la langue française». Quelques minutes plus tard, un communiqué était expédié aux médias pour annoncer trois engagements visant à protéger le français, et ce, sans la moindre référence aux recommandations du rapport déposé le 8 juillet par le comité d’experts.
Le débat
Pendant deux heures, MM. Boyer et Larochelle se sont prêtés au jeu, débattant des questions inspirées des 20 recommandations de ce rapport qui tient sur une soixantaine de pages.
Dès le départ, le chef de Parti Laval – Équipe Larochelle a réitéré son engagement de créer un poste de commissaire à la langue française, reprochant au passage au maire Stéphane Boyer et ses élus d’avoir voté contre cet avis de proposition le mois dernier.
«On ne s’est pas positionnés ni en faveur ni en défaveur», a réagi le maire Boyer, qui dit souhaiter analyser les coûts-bénéfices de l’ensemble des recommandations avant d’engager un budget de 350 000 $ dans la création d’un tel poste. «Peut-être que ce sera la solution, peut-être pas», a-t-il ajouté, désireux de poser les gestes qui auront le plus d’impact en matière de protection de la langue.
Par ailleurs, M. Larochelle s’est engagé «à mettre en œuvre les recommandations du Comité ad hoc en adoptant une Politique linguistique claire accompagnée d’un plan d’action municipal visant à valoriser et promouvoir le français tout en respectant les droits linguistiques de tous les citoyens».
Le chef de Parti Laval cite en exemple la Ville de Saint-Jérôme qui s’est dotée d’une telle Politique, s’assurant, entre autres, que les enseignes commerciales soient conformes à la Charte de la langue française en termes de prédominance du français avant de délivrer un permis.
«Une administration Larochelle mandaterait les Travaux publics de faire le ménage sur le domaine public», a enchaîné Claude Larochelle en parlant de «l’affichage commercial illégal et sauvage unilingue anglais sur les terrains de la Ville». La situation est telle qu’on se croirait aux États-Unis dans certains secteurs de la ville, a-t-il imagé.
Pour sa part, Stéphane Boyer a indiqué que «la Ville était déjà en action» en ce qui a trait à la moitié des recommandations» avant même le dépôt du rapport. Le maire voit notamment d’un bon œil les suggestions à l’effet de tenir des campagnes de sensibilisation pour développer un rapport positif au français et de revendiquer auprès de Québec davantage de ressources visant la francisation et l’inclusion réussie des personnes immigrantes.
Cela dit, les deux candidats à la mairie s’entendent pour soutenir financièrement les organismes qui œuvrent à la valorisation du français auprès des nouveaux arrivants et à leur intégration à la communauté lavalloise.
Au chapitre des communications, le leader de Parti Laval a condamné l’usage du «franglais» pour rejoindre les jeunes via les réseaux sociaux: «Ça envoie un mauvais signal; le Service des communications devrait être exemplaire dans l’utilisation du français.»
Pour illustrer l’intérêt que porte son administration à la langue et la culture québécoise, Stéphane Boyer a fait valoir les 700 000 $ que la Ville investit pour le grand spectacle de la Fête nationale au Centre de la nature, les artistes francophones qu’elle programme dans les zones musicales à travers la ville durant la belle saison et le fait que Laval ait été ville hôtesse des Jeux de la Francophonie canadienne en juillet dernier.
Enfin, une campagne de sensibilisation menée conjointement avec la CCIL pourrait encourager les commerçants à l’importance d’accueillir les clients en français, a souligné le maire qui avait reconnu, en janvier dernier, qu’il était «de plus en plus» abordé en anglais dans les établissements commerciaux lavallois.
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