Les 17 employées œuvrant à la cafétéria du Collège Montmorency sont en négociations depuis août 2022. Du mardi 30 janvier au lundi 5 février, elles étaient en grève.
Ce petit groupe composé majoritairement de femmes, dont la plupart sont racisées, est employé par le Groupe Compass Canada. Cette dernière est une entreprise de services alimentaires et de services de soutien déployée dans 2 200 emplacements partout au pays, incluant le cégep lavallois.
Pendant cinq jours, les travailleuses ont piqueté sur le trottoir devant l’établissement d’éducation supérieure afin de faire valoir leur droit à de meilleures conditions salariales.
Pendant la grève, ce sont des cadres du Groupe Compass Canada qui ont assuré le service de cafétéria.
«Nous sommes déçus qu’une interruption de travail ait un impact sur nos services au Cégep Montmorency», déclare d’entrée de jeu Sylvie McDuff, gérante de district du Groupe Compass au Québec, par communication électronique.
Salaire
Depuis des années, le salaire horaire du petit groupe reste coincé à 15,75$ à l’entrée, puis à 16$ à l’atteinte de 900 heures travaillées. La convention collective ne comporte aucun autre échelon salarial.
Certaines employées travaillent pour l’entreprise depuis 5 ans, 10 ans, 20 ans, voire 25 ans, sans que leur salaire ne change, alors que l’inflation, elle, n’arrête pas de monter.
«En général, on n’est pas maltraitées, indique Paula Viveiros, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la cafétéria du Cégep Montmorency-CSN. C’est plus le salaire. Avec l’inflation, aujourd’hui, on n’y arrive pas avec un salaire de 16$ de l’heure. Avec nos familles, on veut se loger, on veut se nourrir. C’est pas évident.»
«Pourtant, tous les prix dans la cafétéria ont augmenté, parce que l’inflation les a touchés. L’inflation les a affectés, mais nous, notre salaire ne les affecte pas.»
–Paula Viveiros, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la cafétéria du Cégep Montmorency-CSN.
Négociations
Les demandes syndicales: un salaire d’entrée à 18$ de l’heure pouvant monter jusqu’à 20$ de l’heure, selon l’ancienneté.
Pour sa part, l’employeur fixe son offre maximale à un salaire horaire de 17,10$. Il aurait même mentionné en négociations que «personne au Québec ne gagne ce salaire pour un emploi similaire» alors que la présidente de l’organisation syndicale affirme avoir vu une offre d’emploi dans la région de Québec à 19$ par heure travaillée.
«C’est quand même étonnant, je dirais, dans un pays riche comme le Québec, de voir que des employeurs continuent à maintenir ce régime de travailleurs et travailleuses pauvres, déplore Chantal Ide, vice-présidente à la CSN. C’est une question de respect, de dignité. Avoir un salaire décent qui permet de vivre, c’est essentiel.»
Selon le syndicat, avant le déclenchement de la grève, l’employeur ne pouvait les rencontrer qu’au mois de mars pour poursuivre les négociations. Depuis, l’entreprise s’est rendue disponible pour poursuivre les négociations le vendredi 9 février.
«Nous maintenons des lignes de communication ouvertes entre nous et le syndicat pour soutenir la négociation collective et nous continuerons à le faire, affirme la gérante de district du Groupe Compass au Québec. À l’heure actuelle, notre équipe est en train de mener des négociations contractuelles avec nos associés.»
Pour Paula Viveiros, le déroulement est clair: s’il n’y a pas d’entente lors de cette rencontre, les travailleuses débrayeront à nouveau. Une banque de cinq jours de grève est toujours à leur disposition pour la suite.
Support montmorencien
Le Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency (SEECM) a voté une proposition formelle d’appui à la lutte des travailleuses de la cafétéria lors d’une assemblée générale, le mardi 30 janvier.
«On pense que le Collège devrait avoir une certaine éthique pour choisir la compagnie qui va employer ces travailleurs et travailleuses et [devrait s’assurer] qu’elle les paye […] avec ce qu’il faut pour être capable de ne pas avoir trois jobs pour subvenir aux besoins de leur famille», soulève Amélie Therrien, présidente du SEECM.
La représentante des enseignant.e.s montmorenciens a aussi mentionnée être «outrée de savoir combien était payées les employées de la cafétéria et comment elles ont été traitées quand elles ont commencé la grève».
L’accès au Collège a été refusé aux travailleuses en grève du mardi 30 janvier au jeudi 1er février, jusqu’à ce qu’elles établissent le contact avec la direction de l’établissement.
«On n’est pas leur employeur, on est seulement le locataire, si on peut dire, de leur service, rappelle Véronique Leboeuf, directrice du bureau de la performance institutionnelle et de l’innovation, aux communications au Collège Montmorency. On ne va pas vraiment se prononcer sur ce conflit-là.»