Le gouvernement du Québec a annoncé de nouvelles mesures afin d’encadrer le vapotage au Québec qui implique notamment l’interdiction de vente de produits comportant une saveur ou un arôme autre que ceux du tabac.
La concentration maximale en nicotine sera également limitée à 20 mg/ml. La capacité des réservoirs et des capsules sera plutôt restreint à 2 ml et le volume maximal des contenants de recharge de liquides à vapoter à 30 ml.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux souhaite aussi encadrer certaines caractéristiques des produits de vapotage, notamment celles qui peuvent les rendre attrayants pour les jeunes.
Ce projet s’inscrit en continuité avec le dépôt du second plan d’action de la Politique gouvernementale de prévention en santé et a été mis en place à la suite des recommandations du groupe spécial d’intervention sur le vapotage qui était composé de représentants du Ministère, de l’Institut national de santé publique, de cliniciens, d’organismes non gouvernementaux et de plusieurs autres spécialistes.
«La prévention est un des piliers de notre Plan santé et l’une des solutions pour diminuer la pression sur notre réseau de santé, estime le ministre de la Santé Christian Dubé par communiqué. L’encadrement du vapotage est une action concrète pour favoriser de saines habitudes de vie et améliorer la santé de la population. Il faut agir sur nos habitudes de vie afin de vivre plus vieux, mais surtout plus en santé.»
Notons que les données démontrent que l’usage des produits de vapotage chez les jeunes est en hausse. Selon la plus récente Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire, la proportion des jeunes ayant vapoté dans les 30 jours précédant l’enquête est passé de 4% à 21% entre 2013 et 2019.
Réactions
La Société canadienne du cancer (SCC) s’est d’ailleurs réjouie de l’annonce du gouvernement provincial.
«Les règlements annoncés aujourd’hui par le ministre de la Santé représentent de grandes avancées qui vont faire du Québec un leader en la matière, croit David Raynaud, gestionnaire de la Défense de l’intérêt public à la SCC. Il faut poser des gestes concrets afin d’enrayer l’augmentation exponentielle du taux de vapotage chez les jeunes, et ainsi protéger leur santé!»
Il en va de même pour la Fondation des maladies du coeur et de l’AVC (Coeur + AVC). Selon une étude de cette même organisation menée auprès de Québécois âgés de 16 à 24 ans,
«Plus du quart des jeunes ont commencé à fumer la cigarette après avoir commencé à vapoter, car ils sont dépendants à la nicotine, précise Kevin Bilodeau, directeur des relations gouvernementales de l’organisation. C’est pourquoi la proposition d’une limite de la concentration de nicotine dans les produits du vapotage est une excellente nouvelle pour la santé des jeunes Québécois, d’autant plus que nous savons que la nicotine est nocive pour les cerveaux en développement.»
Coeur + AVC note aussi qu’il était essentiel d’interdire complètement les arômes dans les produits de vapotage, puisque 9 jeunes sur 10 mentionnent qu’il s’agirait d’un facteur important pour continuer.
«Imposer une interdiction complète des arômes dans les produits du vapotage est un élément essentiel pour assurer la sécurité des jeunes, poursuit M. Bilodeau. […] Les jeunes méritent d’être protégés contre ces produits addictifs.»
À l’inverse, l’Association des représentants de l’industrie du vapotage (ARIV) est très mécontente de cette décision.
«La prohibition, comme on l’a vu avec l’alcool et le cannabis, n’a jamais fonctionné, estime Daniel Marien, directeur fondateur de l’ARIV. Le gouvernement fait le chemin inverse de l’alcool et du cannabis en transformant un produit légal en un produit illégal. C’est voué à l’échec avant même de commencer.»
Il ajoute que «les jeunes québécois continueront de déjouer le système en se procurant leurs produits de vapotage avec saveurs dans l’illégalité auprès d’un adulte ou en ligne avec des cartes prépayées», croyant que le Québec devrait imiter le plan de l’Ontario.
Cette province a désormais interdit la vente des saveurs dans les dépanneurs, à l’exception de la menthe, du menthol et du tabac. Les autres demeurent disponibles dans les boutiques spécialisées accessibles aux personnes majeures.