(Mise à jour) Le projet de loi 40, déposé le 1er octobre par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, veut modifier l’organisation des commissions scolaires et mènerait à l’abolition des élections scolaires. Les réactions sont très négatives.
La Commission scolaire de Laval (CSDL) a diffusé une lettre dans laquelle elle exprime sa vive inquiétude.
«Nous croyons en la qualité de l’enseignement de nos écoles publiques et avons la conviction que l’éducation doit continuer d’appartenir à la population en lui permettant de choisir les personnes qui les représentent», commence le texte.
La CSDL est persuadé d’avoir l’appui de la population: «La société québécoise ne voudrait pas changer de système.»
Les 17 commissaires de Laval plaident que ce changement «contribuerait à accentuer les inégalités entre les élèves handicapés ou en difficultés et les autres élèves, entre les quartiers de la ville et entre les hommes et les femmes.»
On rappelle en effet que la démocratie scolaire est le seul palier politique où les femmes représentent 51 % des élus.
On reproche aussi au projet de loi de retirer le droit de vote pour les élections scolaires uniquement aux commissions scolaires francophones. «C’est une discrimination basée sur la langue inacceptable.»
De plus, la CSDL affirme que le PL40 «semble cacher une volonté de centraliser les pouvoirs à Québec en éloignant les régions des prises de décision.»
La commission scolaire, à l’instar de la Fédération autonome de l’enseignement demande au ministre d’organiser une vaste consultation sur l’avenir de l’Éducation au Québec
Réaction violente
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a réagi violemment au projet de loi 40 (PL40) le 8 octobre, le voyant comme «l’une des pires attaques par un ministre de l’Éducation contre la profession enseignante et contre l’école publique.»
Le président de la FAE, Sylvain Mallette a déclaré:
«L’affront que le ministre fait à nos 45 000 enseignants est pire que celui de François Blais (projet de loi 86) et de Sébastien Proulx (projet de loi 105). Cet ex-enseignant insulte ses anciens collègues et dévalorise la profession enseignante.»
«Ce projet de loi contient tout ce dont nous n’avons pas besoin et ne fera qu’aggraver la situation», a prévenu Nathalie Morel, vice-présidente à la vie professionnelle à la FAE.
L’article 88 permettrait de créer un comité examinant les pratiques pédagogiques des enseignants selon les résultats des élèves pour atteindre des cibles de performance.
«On veut encore faire porter aux profs le poids de la réussite scolaire en occultant les facteurs socio-économiques, pourtant plus importants», s’indigne Nathalie Morel.
«La gestion axée sur les résultats convient à une chaîne de montage, pas à l’éducation. On veut nous faire appliquer des recettes miracles au lieu d’investir davantage en services et en ressources humaines et financières».
La FAE trouve très inquiétant que l’article 34 du PL 40 rend légal le «tripotage de note», moyennant une simple «consultation» des enseignants. Cette manipulation informe faussement sur le succès des élèves.
Mme Morel voit dans le PL40 «une confusion grave au niveau juridique; on peut aussi craindre les sollicitations pressantes de certains parents.»
Mme Morel voit dans le PL 40 «une confusion grave au niveau juridique; on peut aussi craindre les sollicitations pressantes de certains parents.»
En conséquence, la Fédération réclame qu’une consultation générale soit tenue.
Chez la CSQ
Enfin, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) soulève plusieurs questions et demande une large consultation.
«Ce projet risque de fragiliser le système d’éducation déjà mis à mal par les réformes et par les années d’austérité», peut-on lire.
La présidente de la CSQ, Sonia Éthier, blâme la bureaucratie:
«Plusieurs solutions ont déjà été proposées mais la volonté a manqué chez les gouvernements successifs.»
«Cette transformation reflète une tendance lourde dans l’État qui se traduit par une approche managériale, comptable et froide; ce sont les citoyens qui y perdent».
CSN
La Centrale des syndicats nationaux (CSN) a aussi mal reçu le projet de réforme.
«Redonner plus de pouvoir aux écoles et au ministère pour en enlever sur le plan régional créera des inéquités; les enfants en difficulté d’apprentissage ont besoin de services, pas d’un brassage de structures», déclare Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employés de services publics (FEESP-CSN) dans un communiqué du 1er octobre.
«Cette réforme pourrait avoir un impact sur les services administratifs; le ministre a-t-il prévu les ressources nécessaires pour ces nouveaux défis?», s’interroge Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP-CSN.
Mme Charland estime aussi essentiel que la voix du personnel de soutien soit entendue pour éviter des perturbations inutiles, notamment dans les services aux élèves.
Le ministère de l’Éducation a déjà repris une partie du contrôle sur les décisions de construction ou d’agrandissement d’écoles, un budget de 2,3 G$ pour l’année en cours. La centrale déplore que cela soit contraire à un besoin de décentralisation.
Comités de parents
La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) a déjà lancé sa consultation des comités de parents au Québec pour préciser leur position sur le sujet de la gouvernance.
Kevin Roy, président de la FCPQ, affirme que les parents engagés ne demandent qu’une chose jusqu’à la tenue d’une commission parlementaire: de pouvoir procéder à leur consultation sereinement et sans pression.
Qu’en dit la FCSQ?
Sans surprise, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) dénonce fortement le projet de loi.
«Les priorités du réseau public d’éducation demeurent la persévérance et la réussite scolaires, valorisation du personnel, infrastructures, pénurie de main-d’œuvre, accessibilité et équité pour tous les élèves», a déclaré Alain Fortier, président de la FCSQ.
«La réforme Roberge ne réglera absolument rien; elle crééera un débat de structures inutile, au détriment de la mobilisation dans le réseau et éliminera le seul palier démocratique paritaire au Québec.»
Le SERL indigné
Le Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL) s’aligne sur la position de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) en condamnant le PL40 comme une attaque contre l’autonomie et le professionnalisme des enseignants.
«Ce projet est perçu comme une insulte par les enseignants», commence Yves Bellemarre, pésident du SERL.
«Cette loi ne réglerait en rien le problème de sous-financement et de manque de services. On veut bien que la loi encadre la gouvernance, mais le ministre va beaucoup plus loin.»
Le SERL estime aussi, à l’instar de la FAE, que l’imposition de suivre des formations n’est pas acceptable.
«Nos enseignants sont compétents! Ils ont tous un baccalauréat de quatre ans et suivent volontairement des formations adaptées. Imposer des formations inadéquates ne serait pas une avancée.»
Pour le président qui parle au nom de 6000 enseignants, le projet de loi confirme le souhait du ministre de créer un ordre professionnel de l’éducation, dont les profs ne veulent pas.
Tout comme la FAE, la SERL souhaite que soient tenues de vraies consultations qui ne seront pas sélectives.
Chez la CSQ
Enfin, la réponse de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) est également négative, comme on le voit dans son communiqué du 1er octobre, qui soulève plusieurs questions et demande une large consultation.
«Ce projet risque de fragiliser le système d’éducation déjà mis à mal par les réformes et par les années d’austérité», peut-on lire.
La présidente de la CSQ, Sonia Éthier, blâme la bureaucratie:
«Plusieurs solutions ont déjà été proposées mais la volonté a manqué chez les gouvernements successifs.»
«Ce n’est pas en abolissant ce palier démocratique pour le remplacer par une structure administrative que le système d’éducation sera mieux servi.»
«Cette transformation est le reflet d’une tendance lourde dans l’État qui se traduit par une approche managériale, comptable et froide; ce sont les citoyens qui y perdent».