Le nouveau recueil de poèmes de Bernard Anton, Lauriers pour l’Ukraine, est sorti le jeudi 2 juin et aborde sans détour les horreurs de la guerre qui sévit depuis plus de 100 jours en Ukraine.
Le poète de 61 ans achève dans moins d’un mois sa carrière d’enseignant de français, dont 20 ans au Centre de formation les Berges, rue Cunard, à Chomedey.
L’homme qui réside dans les Laurentides est extrêmement touché par ce qui se passe dans ce pays en guerre. La deuxième moitié du recueil aborde plusieurs thèmes divers sans lien avec l’Ukraine.
Pour lui, il était important de dater ces autres poèmes écrits avant la guerre, car «après la guerre de l’Ukraine, on peut plus parler d’amour, on peut plus parler de joie, on peut plus parler de paix, on peut plus s’amuser… ça nous assomme tellement…».
«Le mal avec un M majuscule»
Depuis trois mois, toutes les pensées du poète sont dirigées vers le peuple ukrainien. Il n’est plus capable d’écouter de la musique joyeuse sans une pointe de culpabilité.
«Moi, je ne peux pas rester indifférent», explique-t-il. Il avoue être «très sensible à l’injustice» et ajoute que ce conflit est terriblement injuste.
D’autant plus qu’il a l’impression que rien n’est fait pour aider la population qui se fait attaquer de façon «aberrante » par « un pouvoir pervers».
La première partie du recueil est une longue suite de haïkus, ces poèmes brefs d’origine japonaise comportant trois vers de cinq, sept et cinq syllabes. «Je suis minimaliste, explique-t-il. J’aime les petites choses fortes, qui ont un impact.»
Bernard Anton n’aurait pas été capable d’écrire des pages entières d’horreurs. La brièveté de ses poèmes allégeait le tout, selon lui.
Pour le poète, l’idée d’écrire sur cette guerre était de créer «un antidote contre la violence, écrire des paroles poétiques qui aspirent à la paix». Il ne décrit pas les horreurs par plaisir: «Si j’appelle la chose, c’est pour la dénoncer, si je nomme la chose c’est pour la combattre», expose-t-il. Il assure qu’il y a beaucoup d’espoir derrière ses vers.
Malgré sa grande sensibilité, pour lui, l’écriture a été «thérapeutique». Il s’est concentré sur l’humain dans la guerre. Selon lui, la Russie tente d’effacer la mémoire du peuple Ukrainien: «elle transforme des villes entières en cimetière».
Avec cette attention tournée vers la situation des Ukrainiennes et Ukrainiens: «Je leur rends justice en quelque sorte», lance-t-il.
Force de la nature
À la lecture du recueil, on remarque la présence presque constante de mots évoquant la nature. L’objectif pour le poète était de montrer que «même la nature pleure». Que ce soient des gerbes de fleurs, des arbres ou le ciel; la nature est comme spectatrice des actes décrits.
« Arbres tout en fleurs
Devant les maisons soufflées
Espoir qui renaît »
Pour Bernard Anton, cet extrait exclusif, qui figurera dans la deuxième édition du recueil, démontre bien l’apport de la nature dans ses poèmes. Ce haïku est inspiré d’une photo de l’Ukraine dans laquelle figurait un arbre bourgeonnant au printemps devant des maisons détruites par les bombardements. Pour lui c’est la preuve que l’espoir existe encore.
Le recueil dit: «Soyons comme un soleil qui dissipe les ténèbres», raconte-t-il. Bernard Anton souhaite chaque jour que la paix revienne et que ces actes «inconcevables» se terminent pour de bon.