Lieu de socialisation, soutien et référencement, le Café de rue du Réseau des organismes et intervenant-es en itinérance de Laval (ROIIL) situé au 3550, boulevard Lévesque Ouest a officiellement été inauguré le 21 juin.
Le projet du café, qui dormait dans les cartons du ROIIL depuis près de cinq ans, a été réalisé grâce à «une belle réussite de partenariats» entre la Ville de Laval, Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, Centraide et groupes membres du Réseau.
Avec son approche humaniste et de réduction des méfaits, le lieu se veut un endroit accueillant pour toutes personnes se sentant seules.
«Pour reprendre des forces, il faut de l’espoir, mais aussi des moments de plaisir», met de l’avant Karine Laurin, coordonnatrice du café, en ajoutant que l’endroit répond à tous les besoins de la pyramide de Maslow : physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement de soi.
Ainsi, les personnes usagères y sont invitées à prendre une boisson, lire, se reposer, faire des activités de groupe et bouger.
Il est également possible de se faire couper les cheveux et la barbe, d’entreposer ses bagages le temps de visiter un appartement, d’emprunter un vélo pour faciliter ses déplacements et de rencontrer un intervenant afin d’être référencé aux services adéquats.
«Ce lieu-là va grandement aidé à l’affiliation sociale et à éviter la criminalité, car les gens sentent maintenant qu’ils ont un endroit où aller», partage Kateri Tremblay, responsable clinique à la Résidence Carpe Diem.
L’itinérance à Laval
Selon Mathieu Frappier, coordonnateur du ROIIL, la pandémie a agi comme un grand révélateur de l’itinérance sur le territoire lavallois.
Toutes les personnes en situation d’itinérance cachée, autrefois majoritaires à Laval, ont subitement été visibilisées.
«Les personnes qui utilisaient comme stratégie de survie le café éternel dans les restaurants se sont retrouvées dehors avec la fermeture des salles à manger», exemplifie-t-il.
La crise sanitaire a également engendré certains flux entre les régions. Laval a notamment accueilli des gens fuyant l’épicentre de la crise au Québec, Montréal, et l’absence de services dans les Laurentides.
Sans être en mesure de quantifier et de certifier une augmentation de l’itinérance dans la région, Mathieu Frappier est tout de même certain de deux choses.
«Les stratégies de survie ont changé […] et les gens sont dans des situations beaucoup plus lourdes», confie-t-il.
Il identifie notamment les impacts psychologiques et économiques de la pandémie pour expliquer la complexification du visage de l’itinérance.
«Les enjeux économiques comme la crise du logement sont des obstacles majeurs à l’affiliation de ces personnes», conclut le coordonnateur, en interpellant le premier ministre du Québec, François Legault, sur la question.